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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Ce traité est ainsi intitulé : « Que toutes choses tiennent leur existence du premier Principe. »

« Il nous faut considérer maintenant, dit Fauteur, comment toutes choses reçoivent leur existence du premier Principe ; quel est l’ordre qui a présidé à la création des créatures ; comment , enfin, toutes choses proviennent d’un seul Etre qui est la Cause des causes. Ce traité est comme la Heur des choses divines  » Flos divinorum, c’est le titre qu Al GazAli donnait, au rapport d’Albert le Grand, au Livre des Causes-, or, le traité dont nous parlons s’inspire sans cesse delà doctrine de cc livre. Au sein de toute créature dérivée de la Cause des causes, Al Gazâli découvre une dualité.

« Considérée selon son essence propre (quidditas), elle a la possibilité d’être ; considérée par rapport à sa cause, elle a la nécessité d’être ; en effet, nous avons montré ailleurs que fout cc qui est possible par soi tient d’autrui sa nécessité. Elle peut donc être jugée de deux manières, soit comme possible, soit comme nécessaire. En tant qu elle est possible, elle est en puissance ; en tant qu’elle est nécessaire, elle est en acte. La possibilité, elle l’a par elle-même ; la nécessité elle la tient d’un autre. Il v a donc, en elle, multiplicité ; il y a une chose qui est semblable à la matière et une autre chose qui est semblable à la forme ; ce qui ressemble à la matière, c’est la possibilité, et ce qui ressemble à la forme, c’est la nécessité, que cette créature tient d’autrui. » Du premier Principe, donc, provient une Intelligence nue...... Parce qu elle dérive du premier Principe, il résulte qu il est nécessaire qu elle soit ; d’clle-même, et non du premier Principe, elle possède la possibilité.

» Elle se connaît elle-même et elle connaît son Principe ; si, en effet, elle se connaît elle-même, il faut qu elle connaisse aussi son Principe, car c’est de lui que provient son existence. De là, une multiplicité dans sa science

» Du premier Principe, provient, dès lors, une Intelligence nue dans laquelle, comme nous venons de le dire, il y a dualité : d’une part, ce qui est en elle par le premier Principe, d’autre part, ce qui est en elle par elle-même. Deux choses proviennent donc d elle, un Ange et un Ciel ; par Ange, on entend une Intelligence nue.

» Le plus noble des deux effets doit provenir de la plus noble des deux formes de l’intelligence ; or, l’intelligence est le plus noble des deux effets ; et, d autre part, la forme que la première Intelligence tient du premier Principe, savoir la nécessité, est la