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LE NÉO-PLATONISME ARABE

plus noble des deux formes ; la seconde Intelligence provient donc de la première, en tant que l’objet de la considération de celle-ci est la nécessité de sa propre existence.

» Ile cette même première Intelligence provient le Ciel suprême, lorsqu elle considère la possibilité qui est en elle à la façon d une matière. »

Moins compliquée, mais peut-être plus claire et plus logique que la théorie proposée par Al Fâràbi et reproduite par la Destruction des philosophies, cette théorie-ci met, dans la connaissance de chacune des Intelligences célestes, une dualité, et non pas une trinité ; la création qu’elle en fait dériver est également double, et non triple, car chacun des cieux est considéré comme une créature unique, dans laquelle l Ame et le corps ne sont point comptés à part l’un de l’autre.

Al Fàrâbi, Avicenne et Al Gazàli n’en sont pas moins d’accord pour attribuer à chaque ciel une Intelligence, une Ame et un corps. De ces trois choses, quels sont les mutuels rapports ? Et comment le mouvement du ciel en résulte-t-il ? A ces questions, Avicenne et Al Gazàli formulent des réponses identiques. Nous pouvons donc nous borner à reproduire la doctrine qui sc trouve exposée dans la Pkilosophia Algazelis, et à signaler en notes les passages de la Atelaphif.sica Avicennæ où les mêmes pensées se trouvent, présentées suivant un ordre moins parfait. « Le mouvement du ciel, dit Al Gazàli1, manifeste l’existence d’une substance excellente et immuable qui ne soit ni corps ni imprimée dans un corps ; une telle substance est ce qu’on nomme une Intelligence nue. 11 manifeste seulement cette existence par sa fixité ; nous avons dit, en effet, que ce mouvement durait de toute éternité et n’aurait pas de fin ; or il est impossible qu’un corps soit le siège d’un pouvoir capable de produire un effet infini.... Ce mouvement exige donc un moteur qui soit dépouillé de toute matière.

» Un être peut être moteur de deux manières différentes. Il peut l’être à la façon dont un objet aimé meut celui qui l’aime, dont une chose recherchée meut celui qui la recherche. 11 peut aussi mouvoir comme l’àme meut le corps, comme la gravité meut le poids en bas

» Le mouvement circulaire a besoin de la continuelle intervention (assiduitas) de l’agent d’où provient ce mouvement ; cet agent n’est pas autre chose qu’une Ame qui change sans cesse. D’une i. Philosophia Algazelis, Lib. I, tract. IV.