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LE NÉO-PLATONISME ARABE

» En premier lieu, au sein de l’Ame qui s’efforce de s assimiler a l’intelligence, il faut qu’il y ait quelque imagination de la forme qui est recherchée et de l’essence qui est aimée.Sinon, elle aurait volonté de rechercher une chose qu elle ignore, ce qui est impossible. » En second lieu, il faut que cette forme lui soit particulièrement utile ; sans quoi l’on ne pourrait comprendre l’ardeur de l’amour.

» En troisième lieu, il faut que l’Ame puisse, selon son aptitude, acquérir cette forme ; si c’était impossible, en effet, on no pourrait comprendre qu’elle s’efforçât, par une volonté pure et intelligible, de s’assimiler à cette forme. ..

» Il est donc nécessaire que cette Ame saisisse la beauté de l’objet qu’elle aime ; l’image de cette beauté accroît l’ardeur de l’amour ; cette ardeur fait que l’Ame regarde en haut et, de là, provient un mouvement par lequel elle sc puisse appliquer à l’objet auquel elle se veut assimiler. Ainsi l’imagination de la beauté cause l’ardeur de l’amour, l’amour cause le désir (inquisitio) et le désir cause le mouvement.

» Cet objet aimé, c’est ou bien le premier et vrai Principe, ou bien celui qui est le plus voisin du premier Principe, parmi les Anges qui eu sont proches, c’est-à-dire parmi ces Intelligences nues, éternelles et immuables auxquelles né manque aucune des perfections qu’il leur est possible de posséder. » Mais ce désir éprouvé par l’Ame de chaque ciel, vers quoi tend-il ?

Qu’est-ce qu’un ciel peut souhaiter d’acquérir ? Al Gazàli, coordonnant 

les pensées d’Avicenne ’, va encore nous le dire : « Toute tendance à l’acquisition est dirigée vers ce qui est propre à donner l’existence nécessaire, à ce qui demeure continuellement eu acte, à ce dans quoi il n’est rien en puissance. Car c’est une imperfection, pour un être, qu’il se trouve en lui quelque chose ■ en puissance ; cela signifie, en effet, qu’il ne possède pas dans leur plénitude les choses qu’il peut acquérir. Tout être, donc, dans lequel il y a, d’une certaine manière, quelque chose en puissance, est imparfait de cette même manière ; ce que cet être recherche, c’est simplement l’arrivée à l’acte de ce qui, en lui, esten puissance. Le désir de tout 1 Univers tend donc à acquérir de la perfection... » Or le corps du ciel u est aucunement en puissance, car il n’a pas commencé d’exister. 11 n’est en puissance ni par les tendances de sou essence ni par sa ligure ; par ces choses, il est en acte ; il possède tout ce qu’il lui est possible d’avoir. De toutes les figures, i. Cf. .vkbnkx Metaphysica, Lib. Il, tract. IX, cap. II.