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LE NÉO-PLATONISME ARABE

vcments célestes, préparée par les commentaires de Simplicius et du Pseudo-Alexandre, achevée par Al Fârâbi, par Avicenne et par A ! Gazâli, ne coordonne de la plus harmonieuse manière les pensées éparses et, parfois, contradictoires en apparence qu’Aristote avait émises.

Nous venons d’étudier le mouvement du ciel en général ; il nous faut descendre maintenant à l’examen du mouvement particulier de chaque ciel.

La théorie exposée par Aristote au xi" livre de la Métaphysique attribuait à Dieu le mouvement de la sphère suprême, celle des étoiles fixes ; Dieu était le moteur du mouvement diurne. Les autres Intelligences étaient préposées aux mouvements des diverses sphères destinées à sauver la marche apparente des astres errants. Il en est autrement dans la théorie d Al Fârâbi, d’Avicenne et d’AI Gazâli. Dieu, à titre de Cause première, est le moteur de l’ensemble du Ciel ; mais il ne meut en particulier aucune des sphères ; chacune d’elles a son moteur propre. La mouvement du Ciel est donc à la fois un et multiple ; de Dieu, il tient son unité ; des Intelligences et des Ames affectées aux divers orbes, il tient sa multiplicité. Telle est l’opinion qu’émet Avicenne 1 et qu’il semble attribuer au St agi ri te.

« Vous savez que la substance du Bien suprême, premier objet d’amour, est une, eu sorte que le premier Moteur de l’ensemble des cieux est nécessairement unique. Mais chacune des sphères célestes a son moteur propre et prochain ; il y a un objet qu elle désire et aime en particulier. C’est là ce qu’a bien vu le Premier Maître, et les plus savants parmi les Péri pâté ticiens ont suivi son opinion. Ils n’ont, donc pu épargner la multiplicité qu’au Moteur universel, tandis qu’ils ont attribué la multiplicité aux moteurs, soit séparés de la matière, soit non séparés, qui sont propres à chacun des cieux.

» Ils ont donc admis que le premier des principes séparés était celui qui meut la première sphère ; selon ceux qui ont précédé Ptolémée, cette sphère était celle des étoiles fixes ; mais, pour quiconque est expert dans la science qu’a enseignée Ptolémée, c’est une sphère sans étoile qui est située au delà de la sphère des étoiles fixes et qui entoure cette dernière

» Ces auteurs ont donc reconnu qu’il y a un Moteur de l’universalité des cieux, puis, qu’après ce premier Moteur, chacune des sphères a un moteur qui lui est propre. » r. Avicenne, /oc. cil.

duhem — T. IV.

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