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LE NÉO-PLATONISME ARABE

on un certain nombre de rotations uniformes ; chacune de ces rotations était attribuée à un orbe sphérique, et le mouvement de chacun de ces orbes avait pour principe une Intelligence particulière. Le nombre des Intelligences séparées ainsi requises pour mouvoir les cicux était beaucoup plus grand qu’en la première façon. Entre ces deux opinions, Avicenne demeure en suspens. « Vous savez par ce qui précède, dit-il *, que le mouvement céleste est un mouvement d’être animé ; il provient d’une Ame capable de choix ; sans cesse, cette Ame choisit une nouvelle situation pour les diverses parties de son corps. D’après cela, le nombre des Intelligences séparées qui viennent après le premier Principe doit être égal au nombre des mouvements distincts. » Mais il se pourrait que les cercles des planètes fussent d’une nature telle que les divers cercles d’une même planète admissent comme principe de leur mouvement, une certaine vertu émanée de la planète elle-même. S’il en est ainsi, le nombre des Intelligences séparées ne suivra pas le nombre des mouvements distincts ; il surpassera de peu le nombre des planètes ; après le premier Principe, il n’v aura que dix Intelligences

» Mais s’il n’en est pas ainsi, s’il est vrai que chacun des cercles se meut vers les Intelligences en étant lui-même juge de son mouvement, s’il en est de même de chacune des planètes, alors les Intelligences séparées seront plus nombreuses. De l’avis du Premier Maître, il résulterait de là qu’elles sont environ cinquante, et même davantage. »

Qu’on adopte l’une ou l’autre opinion, les propositions essentielles de toute cette doctrine demeurent toujours les mêmes. « A chaque ciel2, correspond une Intelligence qui en est le principe propre et prochain ; c’est un principe séparé de la matière ; il est, à l’égard de l’Ame de cc ciel, ce qu’est l’intelligence active à l’égard de nos âmes. »

L’Intelligence active, en effet, est la dernière en cette hiérarchie des substances séparées ; elle est celle qui émane de l’intelligence propre à l’orbe de la Lune ; selon l’opinion la plus communément reçue, elle occupe le dixième rang. Elle est donc singulièrement déchue de la place que lui assignaient Proclus et la Théologie cT Aristote.

Mais le rôle de T Intelligence active ne sc borne plus, dans le système d Avicenne et d’Al Gazâli, à mettre en acte cette intcllit. Avicehnæ Afetaphysica, Lib. II, tract. IX, cap. III. 2. Avicenne, toc. ci/.