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LE NÉO-PLATONISME ARABE

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manière actuelle, mais qui n’est pas de ia vapeur, par exemple de l’eau actuellement liquide.

Dès lors, en toute substance qui n’est pas acte pur, existent, simultanés et discernables seulement pour la raison, ce qu’est cette, substance et ce qu’elle peut être ; mais ce qu’elle est, y possède l’existence actuelle ; ce qu’elle peut être, n’y a que l’existence potentielle.

Ce que cette substance est d’une manière actuelle, c’en est la forme ; tout ce qu elle peut être, tout ce qu elle est d’une manière potentielle, c’en est la matière. Dans toute substance, donc, qui n’est pas éternellement en acte, il y a forme et matière ; mais ces deux principes, (pic 1 intelligence seule distingue 1 un de 1 autre, sont indissolublement unis pour former une substance unique. Parfois, dans le langage d’Aristote, le mot matière prend un sens légèrement différent, qui n’est explicitement délini nulle part, mais qui est supposé dans une foule de passages. Selon ce second sens, la matière d une substance, ce n’est pas seulement tout ce que cette substance peut devenir, tout ce qui s’y trouve actuellement en puissance ; c est cela, et c’est, en plus ce qu’elle est actuellement, mais après que la pensée a dégradé, en quelque sorte, cette forme actuelle pour la ramener à l’existence potentielle. Au premier sens, la matière du bloc de marbre, qui est. actuellement bloc, ce sont le dieu, ia table, la cuvette qui y sont (‘uqmissance et que le ciseau du sculpteur pourra mettre en acte ; au second sens, et c’est peut-être celui qu’on doit le plus fréquemment entendre lorsqu’on lit Aristote, la matière, c’est-à-dire le marbre, c’est quelque chose (pii serait dieu en puissance, table en puissance, cuvette en puissance, mais aussi bloc en puissance. Ainsi entendue, la matière n’est en aucune substance ; pour être en une substance, il faut que i une des existences en puissance (pii la constituent ait été remplacée par une existence en acte et soit devenue forme ; il faut que le marbre soit, d’une manière actuelle, ou bloc, ou dieu, ou table, ou cuvette. (i’est au premier sens qu’il faut entendre le mot matière (GXti) toutes les fois qu’Aristote déclare une substance composée de matière et de forme. Mais c’est le second sens qui peut seul rendre intelligible cette pensée : La matière, c’est le sujet, le support, le substratum (tô uKoxsipsvov) qui demeure permanent, au travers d(*s générations et des corruptions par lesquelles les formes se substituent les unes aux autres. Or cette pensée est, parfois, celle d’Aristote

i. Gf. : Abistotelis /‘hysica ; auscultatiuliis lib. I, c. VIII (Ahistotelis Opéra,