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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

Prenons un des corps du Monde sublunaire ; actuellement, il a une certaine forme ; il est, par exemple, telle masse d’air ; mais les éléments se peuvent changer les uns dans les autres, en sorte que ce corps se peut transformer en feu, en eau, en terre ; puis, par mixtion des éléments ainsi obtenus, il peut devenir telle pierre, telle partie de tel végétal ou de tel animal ; tandis, donc, que ce corps existe, d’une manière actuelle, sous telle forme déterminée, il y a, en lui, puissance à devenir n’importe quel corps, de grandeur convenable, du Monde sublunaire ; cette puissance, c’est la partie de Matière première qui, dans ce corps, coexiste à sa forme actuelle.

Si nous prenons, de meme, non plus un corps du Monde sublunaire, mais le Monde sublunaire tout entier, la forme actuelle est, en lui, accompagnée de la possibilité d’être toutes les autres formes concevables ; cette possibilité, c est la Matière première. Mieux encore, au second sens du mot matière, la Matière première, c’est 1 ensemble des possibilités de tous les êtres qui ont été, qui sont et qui seront dans la concavité de l’orbe de la Lune. Dans cette sphère de la génération el de la corruption, les formes changent incessamment ; telle chose, qui était en acte, se corrompt et n’est plus qu’en puissance, tandis que telle autre chose, étant engendrée, passe de la puissance à l’acte ; mais lorsqu’on réduit à la simple existence potentielle même les choses qui, présentement, sont en acte, on obtient un ensemble de possibilités, qui, sous tous les changements actuels, demeure invariable ; c’est vraiment le support, le .wày/ratam premier de chacun des états et des corps du Monde sublunaire : « Aév<ù yip tg îcpœTov UTOxeiuevov ixà«<a » L

1 I <

Ce qui existe actuellement a toujours été possible ; cette Matière première n’a donc pu commencer d être ; elle est éternelle. Elle a toujours existé, mais jamais elle n’a existé à titre de Matière première. La Matfère première isolée n est concevable que par une abstraction ; cette abstraction prend le Monde sublunaire en acte et ramène à l’état de puissance tout ce (pii, dans ce Monde, existe d une manière actuelle ; la seule chose qui puisse exister substantiellement, donc, c’est la Matière première transformer par le retour à

ment en

I acte d un ensemble de choses qu’elle contient puissance, c’est un Monde sublunaire où une seule-

forme

L Il> pp* 250-258 ; rtl. Bckker, vol. 1, p. i8y, col. h, à éd. Didol,

col* a).

r Aristotelis P/h/sïccb aasrii/fatîonis lîh. 1T c. IX (Aristûtelîs Opéra Didol, i. II, p* 2oo ; éd. Becker, voL L i». 192, col. a). P-

, éd ,