Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
458
LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

dans les choses en puissance qu’il faut chercher les causes de ce qui est en puissance, et dans les choses en acte les causes de ce qui est en acte. Kal ràç uèv ouvàtiei ; twv O’jvazùv, -7. 3’ êvsûYoüvra noôc to svspvouusva »

De toute nécessité, la recherche des causes efficientes s’arrête lorsqu’elle nous a conduits jusqu’à l’Être éternellement en acte. Get Etre ne saurait avoir de cause efficiente, puisque aucun antre être ne le précède dans l’existence actuelle ; et, d’ailleurs, il n’en a pas besoin, puisqu’il n a pas eu à passer de l’existence potentielle a I existence actuelle, puise pi il n a pas été engendré. Mais, de même, la recherche des causes matérielles prend lin quand, d indétermination en indétermination plus grande, elle est descendue jusqu’à la Matière première ; cet ensemble des existences eu puissance qu est la Matière première ne saurait être compris dans un ensemble de possibilités encore plus vaste, encore plus indéterminé, car toutes les possibilités susceptibles d être engendrées se trouvent dans la Matière première. Sans cause matérielle, la Matière première n’a pas, non plus, de cause efficiente, puisqu’elle ne contient rien qui soit en acte ; et, de même, l’Etre éternellement en acte, dépourvu de cause efficiente, n’a pas non plus de cause matérielle, puisqu’il n’y a, en lui, aucune puissance dont une telle cause ait à rendre compte*

Aux deux extrémités, donc, de la hiérarchie des substances se A

trouvent I Etre éternellement en acte, et la Matière première, réceptacle de toutes les existences potentielles. Eternels tous deux, ni 1 Acte pur ni la Matière première n’ont de cause. L’Acte pur est la première cause efficiente de tout ce qui est en acte, celle à laquelle on parvient et s’arrête lorsqu’on remonte de cause efficiente en cause efficiente antérieure* La Matière première estla dernière des causes matérielles, celle à laquelle on parvient et s’arrête lorsqu’on, descend de cause matérielle en cause matérielle plus générale et plus indéterminée.

Telle est la doctrine d’Aristote.

Quelle est, à l’égard de la Matière première, l’attitude de l’Ecole néo-platonicienne hellénique ? Plotin -, Porphyre Proclus 1 continuent à parler de la mais ce qu ils en disent 11e s’accorde i* Ahistotkus PAÿSi’cttf lib. H, cap. HH/Ahistotelis éd. Didût, t. ; II, p. a65 ; éd. Bekker, vol. I, p. ig5, col, 1>), 2. Voir : Seconde partie, Ch. V, § VI ; t. ÎI, pp. 43g442. 3. //>£(/., pp, /|4o-44>»

4. Voir : troisième partie, Ch. I, § Il ; çe voL, pp. 346-347*