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LE NÉO-PLATONISME ARABE

plus du tout avec la Physique péripatéticienne. A l’égard de la uXiq, ils répètent volontiers ce que les Atomistes disaient du vide, du xevôv, ce que Platon enseignait au sujet de 1 espace, de la ywpa ; mais, surtout, ils affirment avec une absolue clarté que la Matière première n’est rien que le néant, que le non-être, 76 pr, ov. La notion de la Matière première ne s’obtient pas en dépouillant une substance de tout ce quelle a d’actuel, mais en la privant de tout ce qu elle possède d’être ; la JXr( n’a pas 1 existence en puissance ; elle n’a aucune existence. Comme elle n existe pas, on ne saurait demander pourquoi elle existe ; elle n’a pas de cause. Mais elle ne saurait être davantage comptée pour une cause, pour un principe ; le Néo-platonisme hellénique reconnaît des causes efficientes, mais il n’y a pas, pour lui, de cause matérielle ; sa doctrine affirme l’unité absolue du premier Principe ; elle l opposé à cette dualité des premiers principes, de l’Actepur et de la Puissance pure, qui est l’essentiel fondement de la Métaphysique d’Aristote. Voilà pourquoi 1 ’Institution théologique de Proclus et Livre des Causes peuvent décrire l’enchaînement universel des causes sans prononcer même le nom de la ûXt,.

Volontairement reléguée dans l’oubli, la Matière première, cependant, pénétrait parfois d une manière subreptice au sein du système néo-platonicien.

Toutes les choses, dit le Livre des Causes, reçoivent le bien qui découle de la (’anse première ; mais elles le reçoivent en des mesures différentes : « Cette diversité dans la réception du bien 1 * 3 ne provient pas de la Cause première ; elle provient de celui qui reçoit ; car ceux qui reçoivent le bien diffèrent les uns dos autres. Celui dont vient l’influence est un, et non divers ; il verse donc également sur tous une même influence ; sur toutes choses, l’influence de bonté qui vient de la Cause première est égale. Ce sont les choses elles-mêmes qui sont la raison de la diversité dans la répartition de cette influence sur les choses». « Chacune’ des choses reçoit l’influence de la Cause première dans la mesure de sa puissance ». « La Cause première * est fixe et stable dans son unité pure et éternelle ; c’est elle qui régit toutes les choses créées ; elle répand sur elles la force vitale et les biens, dans la mesure où chacune d’elles a la force et la possibilité de les recevoir. C’est par un influx unique que la Bonté première répand le i. Liber du Cousis, Cap XXIV ; éd. cil., loi. 83, col. n. a. Ibid.-. éd. cit., fol. 82, col <1.

3. Liber de Cousis, Cap. XX ; éd. cil., fol. 81, col. b.