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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

d’Aristote, non plus que leur possibilité n’est la Sévautç du Philosophe ; l’existence en puissance, qui était la notion caractéristique de la doctrine péripapéficienne, se réduit pour eux à une aptitude qui affecte un sujet substantiel et qu’y reconnaît notre intelligence,

La //y/e a-t-elle toujours existé ou bien cernent ? A cette question, la réponse ne Pas de corps sans H y le. ()r tout corps qui possible avant que d’exister ;

a-t-elle eu un commen-

souffre pas d’hésitation,

a commencé d’être était

dire qu’il était possible, c’est, nous l’avons vu, désigner le sujet de cette possibilité, le corps doué d existence actuelle qui était capable de se transformer en cet autre. Donc, il y a toujours eu des corps et, partant, la Hyle est éternelle.

Le Péripatétisme affirmait que la uat) na pu avoir de commencement, et le Néo-platonisme arabe répète, au sujet de la II y le. la même affirmation ; mais c’est de l éternité de la üXïj que le Péripatétisme concluait à l’actualité éternelle du Monde ; c’est au contraire, de l’éternité du Monde sensible que le Néo-platonisme arabe déduit 1 éternité de la ///// ? ; ce renversement dans l’ordre de la démonstration montre assez que, sons des mots identiques, les deux philosophies mettent des pensées profondément dissemblables.

VIII

l’opération créatrice, le possible et le nécessaire. l’essence et l’existence

Faut-il, comme Aristote l’affirmait de la GÀ/,, ajouter que la Hyle n’a pas eu de cause ? Non pas ; et c’est ici, c’est dans la théorie de ia causalité, que va se marquer l’extrême divergence entre la Métaphysique péripatéticienne et la Métaphysique d’Avicenne et d’Al Gazàli.

A

l ne cause, au gré d Aristote, c’est ce qu’on désigne lorsqu’on veut répondre à la question : Aû. vi ; Pourquoi ? D’une chose qui n’est, pas nécessairement en acte, nous pouvons demander pourquoi elle est. en acte, et chercher la cause efficiente. D’une chose qui n’est pas foule en puissance, nous pouvons demander pourquoi elle renferme telle puissance, et chercher la cause matérielle. Mais si nous ôtons a l’existence ces qualificatifs : en acte, en puissance, pour tic considérer que l’existence toute seule et toute nue, il n y a pas à se demander pourquoi telle chose existe.