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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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LA « 1U K UE l’aRISJIiTÉI.ISME

saires, elle ne peut, du moins, atteindre à cette existence nécessaire que par une chose autre qu elle-même. 11 suit nécessairement de la qu il appartient à celte chose de tenir constamment de sa propre essence l’existence possible, et de ne prendre place parmi les êtres nécessaires que par quelque autre chose. » Cette distinction entre l’être possible nu contingent et 1 être necessaire, dont nous allons voir le Néo-plalonisme arabe tirer les conséquences, AI Fftràbi est il le premier qui l’ail mise à la base de la Philosophie ? Averroès attribue cotte innovation aux Motékallémin, aux Discoureurs (Loq lient es). c’est-à-dire aux théologiens qui, avec des débris disparates de la Sagesse hellénique, s’efforçaient de reconstruire un système philosophique conforme aux enseignements du Coran. Voici, eu effet, ce qu il disait dans une de ses répliques à Al Gazàli 1 2 :

» Les Motékallémin tiennent pour vérité immédiatement connue tpie 1 être se divise en possible cl nécessaire, et (pie poser un être comme possible implique qu il ait un agent ; partant, comme le Monde, pris dans son universalité, est possible, il faut que l’Agent du Monde soit nécessaire en son être. C’est là la croyance des Motazélites. »

Averroès eût pu ajouter qu’à cette théorie des théologiens de l’Islam, la lecture d’Aristote n’avait peut-être pas été étrangère. Nous avons vu 3 comment, dans un chapitre de son traité i)e /’ ?//- (Iko’. Aristote posait la distinction des événements futurs en événements nécessaires et événements contingents.

Cette distinction des choses futures en nécessaires cl contingentes, les Arabes, aussitôt qu’ils commencèrent à philosopher, rempruntèrent au Stagirite. I l’est ainsi que l’astrologue Abou Masar l’expose longuement et, pour la justifier, invoque l’autorité du Philosophe ’. Dès lors, cette Métaphysique nouvelle que les Néoplatoniciens arabes vont substitue !-à la Métaphysique péripatéticienne, c’est encore d’Aristote qu elle tire son origine première, mais d’un Aristote qui s était contredit lui-même, d’un Aristote h

1, Avehiiois Cobdcbicnsis Des/rttc/if) Alf/f/ze/is, Pars priniîi, dispuhitio IV, réponsedverrons au cinquième : Ail Al^azeL 2, Voir : Première partie. Ch. XIII, § V ; L. Il, p. 296. 3, /zi/rodneforH/m iu Albi masaius ahalaciii oe/o cott/ù/ez/s paj-ha/F,s Colophon : Opus introductmij in ustrononiiani Albumasaris ahulacht explicit féliciter, lïenetijs rnnndatoet expensis Melchionis (sic) Sess ;i fatcj r Per Jacob uni pendu ni Lencensem, Anno domini iâtdk Die 5 Septembris. Hegnante incivil domino Leonardo Lauredano l enctiaiiim Principe. Lib. I, cap. IV ; troisième fol, après le bd. si^n. a Zj, recto el verso. — Cf. Première partie, ch. XIII, § XIV ; I. Il, pp» 37/1-376. '