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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

que, d’une manière comme de l’autre, on attribuait à l’année une même durée.

Cette illusion prit fin au jour où Hipparque découvrit le phénomène de la précession des équinoxes. Si l’on compare leur position au point géométrique de l’équinoxe, on voit que les étoiles zodiacales glissent toutes, le long de l’écliptique, d’un même mouvement très lent, dirigé d’Occident en Orient comme celui du Soleil ; il faut donc au Soleil, pour rejoindre une même étoile après qu’il a parcouru l’écliptique, plus de temps qu’il ne lui en faut pour décrire cet écliptique de l’équinoxe de printemps au même équinoxe ; l’année sidérale, directement observable, est plus longue que l’année tropique. Or il est clair que c’est de l’année tropique, non de l’année sidérale, que dépend le retour périodique des saisons ; que l’année tropique est l’année sur laquelle un calendrier exact se doit régler ; et, d’autre part, la détermination de la durée véritable de l’année tropique se trouve subordonnée à la connaissance de ce phénomène si lent, partant si difficile à étudier, qui est la précession des équinoxes.

Fort importante dans le monde païen, la construction d’un calendrier exactement réglé prit, dans le monde chrétien, une importance plus grande encore.

Il est des fêtes, appelées fixes, qui sont, dans l’intention de l’Église, destinées à commémorer l’exact anniversaire de quelque événement religieux ; la fête de Noël, par exemple, doit être célébrée lorsque le Soleil repasse exactement au point de l’écliptique qu’il occupait au moment de la naissance de N. S. J.-C. La détermination précise de ces fêtes fixes suppose donc que l’on possède un calendrier solaire exactement réglé, partant que l’on connaisse la durée de l’année tropique.

La détermination du jour où l’Église latine célèbre la fête de Pâques suit une règle plus compliquée ; le premier dimanche après la pleine-lune qui suit immédiatement l’équinoxe du printemps est le jour où les Chrétiens latins célèbrent la résurrection du Sauveur.

Pour marquer exactement et d’avance les dates où tombera, chaque année, la fête de Pâques, il faut donc connaître la date de l’équinoxe du printemps, mais cela ne suffit pas. Il faut encore savoir faire correspondre aux diverses dates de l’année solaire les époques des pleines-lunes ; cela suppose la connaissance des inégalités compliquées de la Lune et la construction difficile du calendrier lunaire ; cela constitue le problème du nombre d’or. Il faut aussi, à l’aide de la lettre dominicale, savoir faire corres-