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LE NÉO-PLATONISME ARABE

A VERtlûÈS

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passage même d’un état à Vautre ; et s’il subit un changement, c’est qu’il n’est pas immobile. Si donc quelque être est immobile, . cet être créera toujours ou ne créera jamais, afin de ne pas être soumis au mouvement, ce qui aurait lien s il créait seulement quelquefois. Dès lors, si la cause d une chose est immobile, comme elle ne peut pas n otre jamais cause ni 1 être seulement quelquefois, elle le sera toujours. Si cela est vrai, elle sera, la cause d’une chose éternelle.

» Or la cause de l’Üiiivcrs est immobile. Pour qu elle fût mobile il faudrait qu elle fût d’abord imparfaite, puisqu’elle se perfectionnât, car tout mouvement est une action imparfaite... Il est donc nécessaire (pic 1 1 nivers soit éternel, comme produit par une cause immobile. »

Avicenne 1 2 3 et, surtout, Al Gazàli - ne s’étaient point tait faute de reprendre cet argument qui, accordant à la religion la création du Monde, et au Péripatétisme l’éternité de ce même Monde, se mettait à la fois en contradiction avec les deux doctrines qu’ils prétendait concilier.

En nombre d’autres circonstances, le Néo-platonisme retrouvait des difficultés semblables. Né do 1 union entre mie doctrine péripatéticienne et un dogme religieux, chacune de ses théories était en contradiction avec le Péripatétisme parce qu’elle avait emprunté à la religion, <4 sc trouvait théologiquement hérétique parce qu’elle tenait d Aristote.

Le premier Moteur immobile d’Aristote demeurait dans une rigoureuse unité Il se connaissait éternellement lui-même et ne connaissait rien hors de lui, car il n’avait rien à créer ; il n’avait pas besoin de connaître le mouvement par lequel tous les êtres tendent vers lui.

A la Cause première, les Néo-platoniciens s’efforcent de garder celte unité rigide ; et cependant, il leur faut mettre dans l’opération de cette Cause quelque chose par quoi elle crée ; et les voilà contraints d’y introduire une complication que les Péripatétieiens flétriront comme une dualité.

D’autre part, ce manquement aux principes du Péripatétisme ne leur assurera pas les suffrages des théologiens. Pour sauvegarder autant que possible 1 unité du premier Principe, ils affirmeront qu’un seul être provient directement de lui, et que la multiplicité 1. Avtcenn.e Mr/aphysica, lib, IL traclatus IX, cap. 1. 2. P/ii/osopkia Algazelis, lîb. 1, tract. I, cap. XIII. 3. Aristote, J/éfapAffsifiie, livre XI, chapitre IX (Aiustoteus Opéra, étl, Didot, vol. Il, p. 609 ; éd. Becker, vol. Il, p. 1074, col. b, et p. 1070, col. a)*