XVERROÈS
nous ne compléterons pas noire discours en développant un raisonnement propre à démontrer la nouveauté du Monde ; notre intention est, nous l’avons dit, de détruire l’opinion des Philosophes, en faisant remarquer ce qui en résulte. Quant à 1 affirmation de l’opinion véritable, nous la réservons pour un autre livre que nous avons l’intention, avec l’aide de Dieu, de publier à cet effet, et que nous intitulerons : Fondements des religions. Dans ce livrelà, notre intention sera de consolider, de même qu’eu celui-ci, nous avons voulu faire œuvre de destruction. » Averroès écrit, à propos*de ce passage ; « L’auteur eût bien dù commencer par l’exposition de la vérité, et non par ce livre propre à engendrer le doute et la confusion en ceux qui 1 étudient ; afin que le lecteur de ce livre-ci ne meure pas avant d’avoir rencontré cet autre ouvrage, ni l’auteur avant de l’avoir composé. Car cet ouvrage ne nous est pas encore parvenu, et peut-être Al GazAli ne l’a-t-il jamais publié ».
Averroès était mal renseigné ; Al Gazâli a, en effet, accompli l’œuvre de construction théologique qu’il avait promise, et cette œuvre, l’Ihgd olomu ed-din, est son plus important écrit 1 ; mais ce n’est point celle qui nous doit occuper.
Al Gazâli se propose, dans la Destruction des Philosophes, de ruiner ce que les a ïlirnia lions des diverses doctrines philosophiques ont de contraire aux dogmes religieux ; mais, en réalité, la seule Philosophie contre laquelle ses attaques soient dirigées, c’est la seule dont il ait une connaissance approfondie ; c est celle qu Avicenne a constituée, celle qu’Al Gazâli a professée dans sa jeunesse ; on pourrait dire qu’il se combat surtout lui-même, car les théories qu’il expose afin de les réfuter sont, la plupart du temps, présentées sous une forme très semblable à colle dont il les avait revêtues dans sa PkUosophia-.
i. On en trouvera une étude complète dans le livre île AL Carra de Vaux sur GazA/L
a, L’ouvrage que Uominique Gondisalvi a traduit sous le titre de Phi/osophia Algazelis, se uonimail en arabe ; .IA/Aviez d 7Te/zdüHce$ dftt /VniosopAes. Selon S, Alnnk, la tin de rmivrage. tant dans Î’orîginal arabe que dans les deux versions hébraïques, est conçue en ces termes : a (/est là ce que nous avons voulu rapporter de leurs sciences, savoir de la Logique, de la Métaphysique et de la Physique, sans nous occuper à distinguer ce qui est maigre de ce qui esl gras, ce qui est vrai de ce qui est taux. Nous commencermis après cria le livre de la Des/rtichmt tirs /Vu/o.so/j/tes, afin de montrer claire me ni ce que tonies ces doctrines renfernieul de faux » (S. Mcnk, l/e/anges de /^n/oxop/oe jtn rr e/ ambt Paris, 1809, p. 371). Al Gazâli aurait donc compose le JA/Adr/d apres sa cunversion, et à simple titre d introduction au
Il esl fort étrange de voir un auteur construire d’une façon si solide un monument qu’il se propose de jeter bas : il est mm moins étrange que la