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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/509

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LE NÉO-PLATONISME ARABE

AVERROÈS

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médiate. » Au cours de cette procession par laquelle les êtres dérivent les uns des autres, le principe est toujours respecté, que d’une cause une résulte un effet unique.

Est-ce une explication accepta h le de la variété que nous voyons dans le Monde ? « Sans doute, il résulte de là’ que le Monde est une chose composée de divers êtres ; mais ces êtres seront tous do même sorte ; chacun d eux sera causé par chacun des êtres qui lui est supérieur, et il sera la cause de chacun des êtres inférieurs, jusqu’à ce qu on parvienne à l’être causé qui n’est plus cause de rien, de môme qu’en remontant la série, on parvient à la Cause qui n’est pas causée.

j» Or, il n’en est pas ainsi. Car, au dire des Philosophes, le corps est composé de matière et de forme, et la réunion «le ces deux éléments donne une chose unique. Car l’homme est composé d’un corps et d’une Ame ; et l’un ne vient pas de l’autre, mais tous deux, d’une autre cause, reçoivent, en même temps, l’existence. Et, selon leur opinion, il eu est encore de même pour chaque orbe céleste ; car cet orbe est un corps animé, et le corps n’en est pas créé par l’Ame ni l’Ame par le corps, mais tous deux proviennent d’une cause unique, différente d’eux-mêmes.

» Comment donc ces êtres composés ont-ils été formés ? Est-ce par une cause une ? Hans ce cas, voilà la destruction de leur affirmation : D’une cause une, ne peut émaner qu’un effet unique. Est-ce d’une cause composée ? Alors, au sujet de cette cause, revient la même question, jusqu’à ce qu’on parvienne nécessairement à un effet complexe et à une cause simple ; carie principe est simple, et cependant la complexité provient do lui. » Comment les Néo-platoniciens arabes, tels qu’Al Fàrâbi et Avicenne, ont-ils tenté d’échapper à la force de cette objection qui s’était assurément présentée à leur esprit ? Comment ont-ils pu introduire la bifurcation dans cette procession des êtres, alors qu’elle ne semble apte à donner, à partir de la Cause première, qu’une longue file jamais dédoublée ? Nous avons exposé la théorie par laquelle ils pensaient avoir expliqué l’existence de la multiplicité dans le Monde, tout en sauvegardant leur principe : D’une cause une provient nécessairement un effet un. Pour cette théorie, qu’il avait lui-même présentée jadis avec tant de soin, Al Gâzâli se montre particulièrement sévère : « Ce que vous racontez là, dit-il aux Philosophes’, n’est que tromperie ; 1. ÀvEimoÈs, Zoe* ciL* vingtième : Ait Al^azeL 2. AvwtOÈs, Zoc» vingt-deuxième : Ait AlgazeL