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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

I. exposition de 1 argument est écourtée ; la réfutation l’est également : « Pourquoi, répond le Théologien aux Philosophes’, niez-vous cotte proposition : Le Monde a été produit par une volonté éternelle qui en avait décrété l existence ; qui avait également décrété que cette existence serait précédée d’une nonexistence, que cette non-existence durerait jusqu’au terme qu elle a en effet atteint ; (pii avait enliii décrété (pie le Monde commencerait d’être au moment où il a commencé ? Que le Monde fût avant cet instant, ce n’était pas de la volonté du Créateur ; aussi le Monde ne fut-il pas avant col instant. Et cependant, à l’heure où le Monde lut produit, il le fut par la volonté du Créateur, mais par une volonté qui était éternelle, en sorte qu’il fut innové. Qu’y a-t-il donc qui empêche d admettre cette opinion ? Qu’y a-t-il qui la rende fausse ? »

Si Al Gâzâli n a pas donné plus de raisons propres à rendre vraisemblable une telle opinion, c’est peut-être qu il trouvait la besogne déjà faite et bien faite. Jean Philopon, en effet, s était chargé jadis de réfuter Proclus.

« Dieu, disait Jean le Grammairien % créateur et artisan de toutes choses, est éternellement parfait ; il possède toujours en lui, et de la meme manière, les raisons de ses œuvres ; il fait et crée tout par sa seule volonté, il n’a besoin d’aucun instrument pour créer la substance des choses ; des lors, qu il crée ou ne crée pas, il n’en résulte, en lui-meme, aucune diversité. De toute éternité, en elfet, et de semblable manière, il comprend les notions et les raisons des choses, notions et raisons par lesquelles il est créateur ; il n’éprouve donc aucun changement du fait qu’il produit ou (ju il ne produit pas. En résumé, il n’est pas permis de dire <pt’ en Dieu, la disposition à agir soit différente de lacté ; de pari et d autre, c’est même chose. Mais dans l’ètre qui en participe, la différence se marque. »

Prétendre, d’ailleurs, que Dieu ne peut, sans cesser d’être immuable, vouloir une chose qui ne soit pas éternelle, c’est se contraindre à mettre en Dieu le perpétuel changement. « Les choses singulières3, telles <[iic Socrate ou Platon, Dieu veut-il que chacune d’elles soit éternelle, ou bien non ? Assurément, il veut (pie chacune d’elles soit pendant un certain temps, et ne soit 1. Averroès, /w. et ?,, second : Ail Algazeb 2. JOANNIS (jRAMMATICE P1I1LOPOX l Op. laîld / (Jliai’t I SU ’gültlCnd PjÜClî SOlllllOj IX ; éd. lat de iSS1 2 3 ?, pp. 33-34 J (itL grecque de 1899, pp. 7°-77- 3. Jean Phîlopon, /oc. ri/.t X ; éd lat. de 1 :107, pp. r/p3 ;> ; éd/grecque de «899, p. 79-