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AVERROÈS

intransigeante el, s’il se peut, plus païenne que jamais. G est ce que fit Averroès 1 2.

Nous ne prétendons aucunement, dans ce qui va suivre, découvrir et décrire la véritable pensée d Uni Rochd sur les rapports de la Philosophie et de la Religion ; ce que nous nous proposons de caractériser, c’est seulement la pensée averroïste telle qu’elle apparut aux maîtres de la Scolastique chrétienne lorsqu’ils connurent les commentaires d’Averroès. En effet, c’est cette pensée là,et non l’autre, qui a influé sur le développement de la Science et de la Philosophie au sein delà Chrétienté occidentale. [/analyse des-sentiments véritables qui animaient Averroès à l’égard des religions en général, et de la religion musulmane en particulier, a fait l’objet de recherches importantes, surtout de la part «le M. Léon Gauthier5.

Cette analyse, pour être complète, doit porter non seulement sur la Destruction des destructions, mais encore sur deux autres écrits d Averroès. Le titre de l’un d’eux peut se traduire littéralement 3 : Livre de la décision de la question et de / établissement de ce qui est entre la Loi religieuse el la Philosophie en fait d’accord. L’autre est ainsi désigné 1 : Livre de l’enlèvement du voile qui couvre les méthodes de preuve touchant les dogmes de la Religion, el exposé des doutes dangereux et des hérésies pernicieuses résultant de l interprétation de ces dogmes. Or il ne semble pas qu’au cours du Moyen Age, la Chrétienté latine ait eu la moindre connaissance de ces deux ouvrages.

A la vérité, dans son Liber de mundi crealione, physicis rationibus probata, auquel il mit la dernière main le 22 avril 1523, le .1 u i f Calo Galonymos cite, à plusieurs reprises, ces deux ouvrages <1 Averroès, qu il nomme : Libe/lus de di/ferenlia inter Legem el Scientiam in copulation ?, et ; Libellas de dis probaliomim in opinionibus Legis. Mais il 11 en faudrait pas conclure que ces deux ouvrages fussent, dès cette époque, traduits en latin. Dans la dédicace du Libellas se ?/ e/>u/oZa Averois de co ?rnexione inte//eetus a6s/rac/i cum /io ?îune, qu il avait traduit de l’hébreu en latin, Calo Calonymos écrit, au sujet d Averroès : « Arec (/esti/iZ in seneclule multus et multos edere libellas et epislolas çuibiis guident se castigavit in multis giuesilis de eis gue in prwdictis commenlariis’ i. Sur la vie et l’œuvre d’Averroès, voir : S* Munk, A/êlanges de /^hi/osophie Juive et arabe, pp. 4«8 458.

1. Léon Gauthier, La t/iéorte Ibn Hoc/td (Averroès) sur les rapports de la llehgion et de la Philosophie, thèse de Paris, 1909. 2. L. Gauthier, Gjp. laud., p. 3i.

1. L. Gauthier, O/)> /aud., p, 32*

DUHEM. - T. iv.

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