Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

cette révolution s’accomplit, comme les sens le montrent, en trois-cent soixante-cinq jours naturels et un quart de jour, sauf une partie modique. La grandeur de ce défaut ne peut être exactement connue, à cause de la petitesse de cette différence, comme ou le voit au troisième livre de l’Almageeste de Ptolémée. Aux computistes savants, il appartient de la mettre en évidence, bien qu’ils semblent, par là, faire œuvre contraire à leur profession. »

Plus loin [1], cependant, Joannes de Sacro-Bosco propose une évaluation « sensiblement vraie, ad veritatis sensibilitatem, « de l’excès de l’année julienne sur l’année solaire ; il pense que ces excès, « accumulés pendant douze années, donneront une heure entière. Comme, d’ailleurs, un jour naturel se compose de vingt-quatre heures, en douze fois 24 ans, c’est-à-dire en 288 ans, on obtiendra un jour naturel en trop, »

Joannes de Sacro-Bosco attribue une valeur beaucoup trop petite à l’excès de l’année julienne sur l’année tropique.

Selon cette évaluation, pour ramener les solstices et les équinoxes aux dates qu’ils occupaient lors de la naissance du Sauveur, il faudrait retrancher quatre jours. « Une fois que le calendrier aura été ainsi restitué dans son ordre primitif, on pourra éviter l’erreur qui fait rétrograder les solstices et les équinoxes ou, du moins, éviter que cette erreur porte sur le jour ; pour cela, dans la dernière année de cette période de 288 ans, on devra supprimer un jour à la fin du mois de Février ; ou, plus convenablement, on devra éviter l’addition du jour bissextile à toutes les années dont le millésime, compté à partir de la naissance du Seigneur, sera exactement divisible par 288. »

Joannes de Sacro-Bosco ne s’est pas borné à signaler l’erreur du calendrier ; il fut le premier, croyons-nous, à proposer un moyen de la corriger.

Le problème de la « réparation du calendrier (réparatio kalendarii) » était donc posé bien avant le milieu du xiiie siècle. Dès ce moment, il commença de préoccuper divers astronomes de la Chrétienté ; un nouveau texte nous le va montrer.

Nous devons à l’obligeance de M. Jacques Rosenthal, le savant libraire de Munich, la communication d’un opuscule manuscrit qui commence ainsi :

« Incipit computus lunaris magistri boni de luca secundum lune progressum. Computus est scientia certificandi lempus secundum solis et lune progresse… »

  1. Joannis de Sacro-Bosco Op. laud., De quatuor temporibus anni, nempe, vere, æstate, autumno et hyeme, et de jejuniis.