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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

La fin de l’ouvrage est la suivante :

« Hec ad presens de compulo causa radium sub compendio nos dixisse sufficiat. Deo gratias. Amen. Explicit computus lunaris Magistri Boni de luca. Amen. Amen. »

Cet explicit est suivi de la mention que voici : « Nota quod incipiendo Annos domini a Nativitate In A. d. Mcccxxij. fuit, secundus Annus cicli. »

Cette mention, œuvre du copiste, nous apprend que les dix pages de l’opuscule ont été écrites sur parchemin en l’année 1322 du Seigneur. Mais le traité sur le calendrier lunaire de Maître Buono de Lueques est plus ancien. Lorsqu’il veut montrer comment on détermine le rang qu’une année donnée occupe dans le cycle solaire, ou comment on en calcule l’indiction, à deux reprises, donc, Buono de Lueques prend pour exemple l’année 1254 ; c’est assurément en cette annéc-là qu’il écrivit son Compulus lunaris.

Or cet opuscule composé en 1254 nous donne à lire le passage suivant :

« Et est sdendum quod cum Christus natus fuit, contingebat solstitium yemale m die natali domini, et tunc dies incipiebant crescere. Et solstitium estivale prope in nativitate sancti Johannis batiste que est VIIIo kal. Julii, et incipiebant dies decrescere. Unde Johannes ait de Christo : ilium oportet crescere, me autem minui. Nunc autem retrocesserunt solstitia et equinoctia x diebus, et hoc contingit propter errorem nostri compati, quoniam non completur annus Solaris propter ccclvx dies et vi horas ; immo deficiunt viij momenta que sunt v pars unius hore, et ita in v annis erramus in una hora, et sic in exx annis erramus una die ; et nisi error ille corrigatur, adhuc festa vernalia erunt extivalia.

» Il faut savoir que lorsque le Christ est né, le solstice d’hiver tombait au jour de la naissance du Seigneur ; alors les jours commençaient à croître. Le solstice d’été tombait à peu près en la nativité de Saint Jean-Baptiste, qui est le huitième jour avant les calendes de juillet, et les jours commençaient à décroître. C’est pourquoi Jean dit du Christ : « Il faut qu’il croisse et que, moi, je » diminue. » Mais maintenant les solstices et les équinoxes ont rétrogradé de dix jours ; cela arrive par suite de l’erreur de notre calendrier ; l’année solaire, en effet, ne s’achève pas en 365 jours et 6 heures ; il s’en faut de huit moments, qui sont la cinquième partie d’une heure ; ainsi, en 5 ans, nous nous trompons d’une heure, et en 120 ans, nous nous trompons d’une journée. Si cette erreur n’est pas corrigée, les fêtes de printemps se trouveront en été. »