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AVERROÈS

ce point, les opinions des Anciens sont différentes de cette opinionlà 1 * 3 *. »

« Ce qu il dit, au nom des Philosophes, des causes de cetcllet, c’est un discours que personne n’a tenu, que je sache, si ce n est Avicenne5. »

Ces citations, dont on pourrait accroître le nombre, montrent avec quel soin Averroès détourne et concentre sur le seul Avicenne toutes les attaques qu’Al (îazàli portait contre tous les Philosophes. Le Commentateur de Cordoue, en effet, tient extrêmement à prouver que les seuls Philosophes qu il croie dignes de ce nom, c’est-à-dire les Péripatéticiens, sont au-dessus de tout reproche ; mais, par contre, il ne lui déplaît pas de voir la doctrine d’Ibn Sinà s’écrouler sous les coups de celui-là même qui avait été le plus fidèle disciple de ce maître. N’est-ce pas justice qu Avicenne soit puni du crime insigne qu’il a commis contre les lois de la véritable Sagesse, en se permettant de penser sans souci du sentiment d’Aristote ? Averroès ne l’avait-il pas condamne ? Rappelons l’arrêt qu’il avait porté :

« Nul, parmi les hommes, ne se montre de plus débile réflexion ni de moindre science que celui qui doute à 1 encontre d Aristote et qui, dans le traité qu’il compost’, répond suivant son propre sentiment, surtout si ce sentiment n’a pas été partagé par quelque prédécesseur. Ainsi voyons-nous qu’Avicenne a fait eu tous ses livres. Ce que ce nouveau a lait de pire, c est de s’écarter de la discipline d’Aristote et de marcher dans tin chemin autre que la voie du Philosophe. C’est

dans son livre de Logique et à

Théologie. »

Qu’il s’écroule, donc, le système

d’être original, de tirer scs pensées de son propre fonds et non des livres d’Aristote ! Le véritable philosophe ne peut que s’en réjouir. Averroès ne s’en fait point faute. Tenir, en toute question, pour la solution qui se déduit rigoureusement des principes posés par Aristote ; n’user, dans le langage, que de termes définis avec précision par la Philosophie péripatéticienne ; et surtout, si quelque ambiguïté se présente ce qui est arrivé à Al Fâràbi

Ibn SiiuY en Physique et en

de l’audacieux qui s’est permis

i. A ver rois O/j. laud., Pars prima, Disputai !o XVI, réponse au 2e : Ait Al gaze L

a. Avehrois Op. laud., Pars secunda, Disputa tio I, réponse au 2* : Ail Algazel.

3. Avehrois Cordüôensis Varia qiav.sita ci rca lof/icalia, Ôuæsituni 11 cumin : De omni prioristico, et quid sit propositîo de inesse, et de modis conclusiouum syllogïsmoruin mixtorum, cap. HI, in line.