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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

ou bien elle est la même ; or elle n’est pas lame de Socrate ; donc elle est autre. Mais h1 terme : attire est équivoque ; et, de llièliie. le HtiJ : 'nh'Dlhjitf ><> pt’i'iid ru jilltanl de imittieles que le mot : autre. I.’àme de Platon et l’âme de Socrate sont la même âme d’une certaine manière, et elles sont multiples d’une autre manière ; vous pourriez dire qu’elles sont la même du coté de la l’orme et multiples du côté de leurs sujets. Lorsque Al (îazAli dit ensuite qu’on lie saurait imaginer de division que dans ce qui est doué de grandeur, son discours est faux en partie : car il est vrai de ce (pii est, par soi-même, soumis à la division, mais il n’est pas vrai de ce qui est divisé par accident... Or les formes et les Ames sont subdivisées par accident, c’est-à-dire par suite de la subdivision de leurs sujets. C’est à la lumière, mieux qu’à toute autre chose, que l’âme peut être assimilée : de même que la lumière se trouve divisée par la multiplicité des corps qu’elle éclaire et redevient une si l’on enlève ces corps, de même en esVil des âmes par rapport aux corps. »

Averroès formule ici, du ton le plus affirmatif, la doctrine de l’unité de l à me humaine, que le Moyen Age chrétien regardera comme l’hérésie averroïste par excellence ; mais il la formule sans rien y mettre par quoi elle lui devienne personnelle, sans y ajouter aucun détail qui permette de l’attribuer à tel ou tel parmi les philosophes qui l’ont professée ; il la réduit à la seule proposition qui soit commune à tous.

Or, ils étaient déjà nombreux, avant Averroès, ceux qui avaient prétendu voir, dans les intelligences individuelles des différents hommes, les manifestations partielles et temporaires d’une intelligence unique et éternelle. Nous avons dit* quelles étaient, à eet égard, la doctrine d’Alexandre d’Apbrodisias et celle de fhémistius, si différentes l une de l’autre, bien qu’elles se donnassent toutes deux pour exacte interprétation de la pensée d Aristote. Aux temps qui précèdent immédiatement Ibn Rochd, les philosophes musulmans qui allaient être les initiateurs de ce dernier s’étaient repris à construire des théories du même genre. Celui (pii s’v était le plus fortement appliqué, c’est assurément Al >ou Bêler ben al Çftyeg, (pie l’on appelait également Ibn Bédja, et <pie la Scolastique chrétienne a nommé Avempace, « Avempace », dit Averroès -, parlant de l’union entre l’intelligence active et l’Ame humaine, « Avempace a fait beaucoup r. Voir : Troisième partie. Ch. I. §§ V et VI ; l. IV, pp. 376-398. 2, AvEPROtsConoiJRHNSis !n Aristolvlis lihrns deannïta twntnenfarit, lib, III, summa lt cap. V, comm, 36.