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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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LA I H(T’ DK I. ’i1USTOTÉLISAIT

des théories quelque

pendant la durée d un clin d’œil, de solliciter les méditations d Uni Bàdja. Une si constante attention dirigée sur un même problème no s’accorderait guère avec la possession d’une solution pleinement satisfaisante. Nous devons penser qu’Aveinpace s’efforcait, par dos voies diverses, d’atteindre une clarté oui lui demeurait toujours voilée : nous naîtrons pas à nous étonner si nous rencontrons, dans certains de ses écrits.

peu différentes de celle qu’lbn Roclul nous a révélée. Uni Bàdja avait composé un traité intitulé Du régime dit solitaire : il se proposait d’y montrer comment le penseur se devait élever, par ht contemplation, jusqu’à Punum avec la Substance active. Nous ne possédons plus le traité dont il s agit ; mais un philosophe juif du xive siècle, Moïse de Narbonne *, dans son commentaire hébreu sur le Hai/if ben YarpHuin d Uni Tofaïl, nous fournil, touchant l’ouvrage d’ibn Bâdja, des détails précieux qui ont permis à S. Munk 1 2 d’en indiquer les points principaux cl d’en présenter une analyse.

Désireux de montrer au philosophe la voie par laquelle, en s unissant à l’intelligence active, il acquerra I immortalité, Avenipace ne s’inquiète pas de prouver- l’existence de cette Intelligence active ; c’est un point qu’il tient pour acquis. L’Intelligence active est une et indivisible 3 ; aussi sa science est-elle une. 1,’ohjrl de cette Science, ce sont les formes spécifiques de toutes les choses qui existent en ce Monde ; mais au sein de 1 Intelligence active, ce qui connaît est identique à ce qui est connu ; toutes ces formes ne constituent donc qu’une seule forme, qui est rintelligence active elle-même. « Si les formes qui viennent d’elles sont multiples, c’est seulement parce qu elles se produisent dans des matières différentes. Eu clfet, les formes qui se trouvent aujourd’hui dans certaines matières sont, dans l’intelligence active, une seule forme séparée. » Par ce dernier mot, il ne faut pas entendre que la séparation de ces formes ait été l’eltcl 1. Moïse bon .lûsut. surnommé Maître Vidal, était d’une famille originaire de Narbonne el qui s’était établie â Perpignan ; il naquit dans celte ville vers la fin du xiij° siècle : un petit Traité du libre arbitre, qu’il acheva le io décembre i3Gi, est donné, dans certains exemplaires, comme ayant été terminé trois mois environ avant la mort rie Moïse : en l344> ’I commentait la Philosophie d’Al GazAli et l’opuscule d’ibn Bochil Sur T Intellect hyligue et la possibilité de la conjonction. Le ?J février 134g, il achevait le commentaire du traité De suintantia ocôès-d’Averroès. La même année, i ! commentait le Hayy ben Yaqdhùn d’ibn Tofaïl. Enfin son commentaire au Guide rfes éjarés de Maimonide fut composé de i355 à i30a. (S. Munk, Mélanges de Philosophie juive et arabe, Paris, 185g, pp. 5o2-5o6). 2. S. Munk, Op. laud., pp ; 388-/|oij.

3. S. Munk, Op. laud., pp. /fo8-/jog.