Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
528
LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

peut acquérir, l’une correspond au premier mode d’existence cl l’autre au second.

Certaines formes 11’ont qu’un mode d’existence, celui qui caractérise les intelligibles en acte.

« Comme il y a1 des êtres qui sont de pures formes sans matière, des formes qui n’ont jamais été dans la matière, ces êtres, quand on les pense, existent comme des choses purement intelligibles, tels qu’ils existaient avant d’avoir été pensés. Car si. comme nous l’avons dit, penser une chose de prime abord, c’est abstraire les ffn-mes h y liq n es de leur matière, ces formes acquièrent par là une existence autre que Leur première existence. Mais connue il s’agit ici de choses qui sont de pures formes sans matière, la substance n a pas besoin d’être abstraite de sa matière ; au contraire, l’intelligence. .. les trouve déjà séparées et les pense telles que lies existent en elles-mêmes, comme choses intelligibles et immatérielles. » Les Intelligences qui meuvent les orbes célestes sont de telles formes pures ; mais ces Intelligences ne sont pas seulement connaissables ; à leur tour, elles connaissent ; clics sont, à la fois, intelligibles en acte et intelligentes en acte. ■ Pourquoi n’en serait-il pas de mémo de ces intelligibles en acte que sont les formes hyliques universelles, les formes spécifiques des cl josës matérielles ? « 11 n’est pas inadmissible2, comme le dit Abou Naçr, que les choses pensées en tant qu’elles sont intelligibles en acte..... pensent à leur tour. » Et en effet, parmi les intelligibles hyliques en acte, il en est un qui est capable de penser, de se connaître soi-mrme, à la façon des Intelligences célestes ; c’est la forme spécifique de l’homme. « Nous appelons intelligibles, dit Ibn Bàdja’1, les espèces de toutes les substances ; l’homme est une des espèces et., par conséquent, la forme de l’homme, c’est sa forme spécifique qui, en toutes les choses spirituelles, est le spirituel par excellence. » Nous arrivons ici au cœur même de la doctrine de notre Philosophe ; c’est une pensée bien subtile cl qu’il exprime d’une manière bien concise et bien obscure ; Averroès lui-même le reconnaissait ; à la fin de son traite inédit ’ De l’intelligence hyligue ou tic la possibilité de la conjonction, traité dont la version hébraïque nous est seule parvenue, il écrivait3 : « Abou Bekr ben al liàyeg a cherché i. S. Munk, Op. laud^ p, /joy,

2- S, MukKj Op* laud.9 p. /joô.

3. S. Munk, Op. laud.r p, 4o4 +

4» Sur ce traité, voir : S. M(-nk, 0pt laud,9 pp. /|3 ;-438, 5* S+ MunKj Üp. iaud.f p. 388.