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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

complet dont les diverses parties étaient fort bien coordonnées entre elles ; mais l’édifice qu’ils ont construit n’est nullement dans le style de la Philosophie péripatéticienne. Toute cette doctrine arabe, en effet, tend sinon à effacer, du moins à estomper la liane de démarcation que le Stagirite avait si nettement, si durement tracée entre le Monde sublunaire el le Monde céleste.

La Matière des corps célestes, sans doute, demeure, pour Avicenne et pour Al Gazâli, bien distincte de la Matière où les êtres s’engendrent et périssent ; ces deux Matières, cependant, ont une origine commune ; elles sont toutes doux tirées de la //y/e, support de la corporéité.

Les orbes célestes sont constitués sur un plan tout semblable à celui des êtres animés sublunaires et, en particulier, de l’homme. Aux corps des uns comme aux corps des autres, une âme est associée, qui détermine le mouvement auquel le corps est prédisposé par sa nature ; une Intelligence, créatrice de ce corps et de cette âme, est la cause finale de leurs mouvements. Telle est la doctrine qu on autorise du nom du « Premier Maître «, mais que celui-ci eût, sans doute, condamnée ou, tout au moins, regardée comme adventice à sa propre pensée.

Toute cette théorie des corps célestes et de leurs moteurs, qui contrastait par tant de disparates avec la pensée du Stagirite, bien qu elle s’en donnât pour l’harmonieux développement, toute cette théorie, disons-nous, ne pouvait pas ne point choquer l’orthodoxie péripatéticienne d’Averroès. Aristote n’avait pas construit une doctrine complète de la substance céleste ; il s’était borné à poser quelques pierres d’attente. Avicenne et scs disciples en avaient profité pour bâtir, sur le terrain laissé vague, un édifice de leur façon. Averroès résolut de jeter bas cette construction qui jurait avec le plan péripatéticien et, scrupuleux observateur de ce plan, de terminer, avec des matériaux semblables, et en même style, le monument qu’Aristote n’avait point achevé. C’est ainsi qu’il fut conduit à écrire son Discours sur la substance de l’orbe céleste ’. C’est vraiment une belle œuvre que le Sermo de substantiel orbis‘, i. Le Aezvzîo de substantia orbis fut achevé par Averroès en- l’année de Fliégire ( ï 178 de J,-C.), à Maroc (S. Munk, AManges de PAilosopJtïe juive et arabe, p. 4’23).

LeA’er/no z/e satetaAlûz orbis a été, pour la première fois, imprimé en appendice de Fouvrage suivant :

A r 1 stote l i s Op era de Natura ZZ /th ilosop h la se u / ibr 1Z /j h is it ’o . de Celo et m u ndo, rfe Generctfiort# eZ corrapZZone, J/e/eororaoî, acAwwam naturatrwn. — Colophon : Expliciunt opéra Aristote ! îs de naturali philosophia irn pressa Venetiis Duce inclito loanne Mocenico per magistrum Philippum Venetum : eius-