Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/541

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
535
AVERROÈS

F admiration que la Scolastique latine lui a vouée n est point excessive. Par la fermeté de la pensée, par l’ordre des déductions, par la netteté et la concision des formules, Averroès rivalise avec son modèle ; sa doctrine se rattache de la manière la plus logique et la plus harmonieuse à celle de la Il n’a, d’ailleurs, d’autre prétention que d’avoir explicite et complété renseignement meme d’Aristote ; il prend soin, en terminant le premier chapitre de son ouvrage, den avertir le lecteur : « Nous avons expliqué, dans ce discours, quelle est la substance du Ciel ; ce que nous en avons dit ici est conforme à ce qu Aristote a prouvé dans ses livres et à ce qui résulte de ses propos. II apparaît, d’ailleurs, par les propres paroles d’Aristote, qu’il avait déjà expliqué toutes ces choses-là dans des livres qui ne nous sont pas parvenus. Que ce traité soit donc appelé : Discours de la substance de l’orbe céleste ; ce titre que je lui ai assigné lui convient bien ».

L’objet d’Averroès est d’examiner ce que peuvent être la matière et la forme des corps célestes. Il est, tout d’abord, manifeste 1 que ni cette matière ni cette forme ne peuvent être de même espèce que la matière et la forme des substances sujettes à s’engendrer et à périr ; si les noms de matière et de forme peuvent être appliqués à deux choses dont la réunion constituerait la substance céleste, ce ne se pourra faire que par homonymie ou bien par une analogie qui mettrait la matière céleste et la forme céleste fort au-dessus (xeeimr/wwî prias et posterius] de la matière sublunaire et des formes qui s’y rencontrent. Mais si I on veut marquer d’une manière plus précise en quoi la substance céleste diffère de la substance sublunaire, il convient de déterminer très exactement, d’abord, ce qu’est cette dernière substance ; il convient, en particulier, de rétablir en toute sa pureté la notion péripatéticienne de Matière première que F Ecole néo-platonicienne arabe a si profondément altérée ; cette exposition de la doctrine aristotélicienne de la Matière première, Averroès la développe avec l’intention marquée de condamner les que inipensis diligentissime emendata : A n no do mini Millesimo cccclxxxij : pridie Nouas Aprilis.

Après ce cul option, on lit ce titre : Jncipit Avehbois de suôstantia orbis. Le colophon de ce dernier écrit porte simplement : Kxplicit Averroîs de substantia orbis. (Haln, Keper/oriurn AWioprap/dcum, n° 1682). Le tfermo de substan/ia orbis, soit seul, soit avec les autres œuvres d’Averroès, soit enfin avec le commentaire de Jean de Jandun, eut ensuite d’innombrables éditions.

1. Averroîs Cordubensis Æ’ermo de süôstodfa orôts, cap. L