Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/544

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
538
LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

existens in aclu, tune esset impassibile et non receptivum. Quod enim est aclu non recipil aliquid, quod est in aclu. » Ce principe : En chaque individu, la forme substantielle est nécessairement unique, no joue pas seulement un rôle essentiel dans la déduction que nous venons de rapporter. Parmi les axiomes qu’Averroès a formulés, il en est peu qui aient attiré davantage l’attention de la Scolastique latine ; il est appelé à devenir l une des colonnes de la Métaphysique thomiste ; toute la fin du xni® siècle retentira des débats qui mettront aux prises les défenseurs et les adversaires de ce principe.

Cet axiome exprime-t-il vraiment la pensée d’Aristote ? Aux différents passages où il distingue les diverses formes qui sont présentes dans un individu, le Stagirite ne place, c’est certain, au-dessous des multiples formes accidentelles, qu’une forme substantielle unique, directement jointe à la Matière première. Mais est-ce là quelque conséquence, essentielle à ses yeux, des notions de substance, de l’orme et de matière ? N est-ce pas plutôt parce que 1 occasion ne lui a pas été donnée de pousser l’analyse plus loin et, au-dessous de la (orme substantielle par laquelle un corps est feu, air, eau ou terre, de signaler une forme plus générale encore, par exemple, celle par laquelle il serait simplement A la vérité, les tenants de l’opinion d’Averroès citent volontiers un texte de la Métaphysique d Aristote ; le voici ’ : « 11 est impossible qu’une substance unique soit formée de pluelfet, des choses qui, d une manière actuelle, sont deux, ne sont jamais une seule chose en acte. Mais si c’est en puissance seulement qu’elles sont deux choses, elles peuvent être une seule chose en acte , qui sera le double en puissance de deux moitiés [également en puissance] ; car c’est l’acte qui sépare. Dès lors, si une substance est quelque chose d’un, elle ne sera pas composée de plusieurs substances qui coexistent en elle... Il n’arrive donc jamais qu’une substance soit, d’une manière actuelle, composée de diverses substances (Mr-’ èÇ oùowv

oùffiav ffûvSsvov). En sorte que toute

.î’/e’.a Eivat gTioeptav

t certainement une

chose exempte de composition. »

C’est assurément ce texte qui fournit à lbn Rochd le principe i. Aristote, Métaphysique, Livre VI, Ch. XIII (Ahistoteljs Opéra, éd. Dîdot, t. Il, pp. 553-554 ; ed- Becker, vol. Il, p. ro3g, col. a).