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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

diviser en deux principes analo-

quelque chose de semblable à la

il esl

séparée

substance intelligible se doit

gués à ces deux là, savoir, en

forme et en quelque chose de semblable à la matière, nécessaire qu’il en soit ainsi dans toute intelligence qui connaît autre chose qu’elle-mêine... Voilà pourquoi il est dit dans la Philosophie première qu’aucune forme n’est absolument exempte de puissance, si ce n’est la Forme première qui ne connaît rien hors d’elle-même. L’existence (esseniia) de cette forme première est identique à sou essence ((fuitLlilax) ; pour toutes les autres formes, au contraire, l’essence diffère en quelque façon de l’existence. »

Quel langage est-ce là, et Averroès ose-t-il donc donner, à titre d interprétation de la pensée du Stagirite, un discours si évidemment contraire à cette môme pensée ?

Pour Aristote, en effet, être séparé de la matière, être purement en acte et exempt de toute puissance, être éternel, sont trois termes qui sont, entièrement synonymes ; l’affirmation de cette synonymie revient maintes fois dans ses écrits. Nous avons précédemment rapporté 1 quelques-uns des textes par lesquels Aristote formule ce principe : Dans le domaine des choses éternelles, le possible se confond avec le nécessaire ; toute chose éternelle est donc, nécessairement et sans cesse, tout ce qu elle peut être ; elle est acte pur, sans aucun mélange de puissance.

Chaque fois qu’Averroès, dans ses commentaires, avait rencontré quelqu’un de ces textes, il s’était hilté d’acquiescer pleinement à la doctrine du Stagirite. Bien plus ! Dans sa discussion contre Al Gazàli, il n’avait pas craint d’invoquer le principe que ces textes affirment * : « S’il est possible que quelque chose soit éternel, cette chose est nécessairement éternelle... Aussi le sage Aristote dit-il que, dans les choses éternelles, le possible, c/est le nécessaire. »

Ce principe, Aristote en use lorsqu’il veut déterminer la nature des substances qui peuvent produire un mouvement éternel : te Si un tel moteur opère, niais si sa substance implique puissance, le mouvement ne sera pas perpétuel ; <ï toute chose qui est en puissance, en effet, il arrive, à certains moments, de ne pas être. 11 l Voir : Troisième partie, chap. IL g VIII ; ce vol., p. 486. 2. Averrois Cordubensis DesZrach’o des tract tonwn .  : Dissertât in prima. Réponse d’Averroès an 27* : Ail Al gaze L 3. Aristote, jlfétap/u/inç’ae, livre XL chapitre VI (Aristotblis Operu, éd. Didol, t. IL p. 6o/| ; éd. Becker, vol. IL p. 1071, coL b).