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AVERROÈS

fa ut donc que ce moteur soit un principe tel que la substance de ce principe soit en acte. De même faut-il qu il existe des substances dépourvues de matière ; s’il existe, en efl’et, quelque chose d étersub-

nel, il faut qu’il y ait des substances éternelles ; donc ces stances sont en acte. »

« Ce qui est ainsi à la fois éternel, substance et acte pur en demeurant immobile ’... Si quelque chose est mu, en c’est qu’il se comporte de laçons différentes à des époques nieut

effet,

diffé¬

rentes... Au contraire, un moteur qui demeure lui-mèmc immobile, parce qu’il existe en acte, ne se comporte pas différemment à des époques différentes. »

Actes purs, exemples de puissance, partant incapables de mouvement, telles sont non seulement la première Intelligence, mais encore toutes les Intelligences qui meuvent les diverses sphères célestes telles seraient, eu vertu du même raisonnement, toutes les substances éternelles et dépourvues de matière qu’on pourrait concevoir.

Voilà la doctrine authentique d’Aristote ; bien différente, assurément, celle que nous venons d’entendre de la bouche d’Averroès.

Mais de celle-ci, l’origine, nullement péripatéticienne, ne nous est-elle pas connue ? N avons-nous pas lu, au Livre des Causes, le passage suivant :t : «L’Intelligence possède nue hylialhis, car elle est existence et forme (esse et forma) 1 ; et, de même, 1 Ame a une huliathis, et la Nature possède mu* existence qui est hyliathis. Seule, la Cause première n’a pus de hyltalhis, car elle est seulement existence (esse) » ? Le texte que nous avons emprunté au Commentateur n’est-il [tas la transcription, à peine développée, de ce passage ? N est-il pas bien manifeste, maintenant que le Commentateur, qui parait s’autoriser d’Aristote, s’est, en celte circonstance, inspiré d’un disciple de Proclus ? Partageait-il l’erreur d Al Fârâbi, d’Avicenne et d’Al lîazàli ? Attribuait-il le Livre des (’anses au St agi ri te Il ne semble pas r. Aristote, J/étapht/siqiie, livre XI, ch. VII (Aiustotelis OpeiYi, éd. Didtit, t. IL p. 6o5 ; cd. Becker, vol. Il, p. i3 ;2, col. b). a. Aristote. Op. laud^ livre XL ch. VIII (Aiustotelis O/jc/w, éd. Bidol, t. IL p. 606 ; éd. Becker» vol. IL p. royH, col. a) 3. Liber de C cuisis. IX. Voir ; Troisième partie, ch. I, 5 II : ce vol., p. 3^3. /|. Le mot wtftwZZa a sensiblement le nuque sens au Liber de Cctfisi# et dans la traduction latine du commentaire d’Averroès ; il n’a pas le sens qu’a. dans la langue de Saint l humas dWquin, de nirmc nuit e.Njen/û/ ; celui-ci, duos ir langage thomiste, correspond au mot f/ttiddihis des commentaires d’Averroès ; là où le Liber de Cftirais dît ejwe ? ou où le traducteur d’Averroès dit e.w//DLÏhüiiias d’Aquin dit ç/ls