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AVERROÈS

î-ielle. « L’Intelligence active 1 2 est à l’intelligence en puissance dans le même rapport que la lumière au milieu diaphane ; les formes matérielles abstraites sont, à cette même Intelligence en puissance, ce que les couleurs sont à ce milieu diaphane. 1 >e même que la lumière est la perfection du milieu diaphane, de même l lntelligence active est la perfection de 1 Intelligence matérielle. De même que le milieu diaphane n’est mû par la couleur, ne reçoit cette couleur que lorsqu il est éclairé, de même cette Intelligence matérielle ne reçoit les formes intelligibles que dans la mesure où elle est perfectionnée et illuminée par i Intelligence active. I.a couleur qui était en puissance, la lumière la fait exister en acte et la rend capable de mouvoir le milieu diaphane ; de même, l’intelligence active fait que les concepts qui étaient en puissance deviennent des concepts en acte, en sorte que l’intelligence matérielle reçoit alors ces concepts. Voilà comment il faut comprendre les relations de l’Intelligence active avec l’intelligence matérielle. »

Cette comparaison n est point absolument adéquate à la pensée d’Averroès, car, tout à l’heure, il lui fera subir une modification essentielle. Nous pouvons, toutefois, en retenir cette conclusion qui, assurément, est sienne : L Intelligence active n’est pas ce (pii s’unit à l’intelligence matérielle pour composer l’intelligence acquise, l’intelligence spéculative (intelleclus in habita, spéculatives). Cette dernière intelligence résulte de l’union de l’intelligence matérielle avec les formes universelles qui s v trouvaient en puissance et que T Intelligence active y a mises en acte. « La forme et la matière 3 s’unissent entre elles, de telle sorte que le composé formé parleur union soit une substance unique ; à plus forte raison en est-il de même de l’intelligence matérielle et des concepts mis en acte ; ce que composent, en effet, cette Intelligence et ces concepts, ce n’est pas une troisième chose, distincte des deux premières ; tandis que pour les autres composés est distincte de

de inatÿfere et de forme, » la substance composée la matière et de la forme qui la constituent. Ce n’est pas à dire que l’intelligence active ne l lntelligence en puissance ; mais elle ne lui est façon qu’imaginaient Théophraste et Thémistius ; pas unie comme la forme l’est à la matière, comme la couleur l est soit pas unie à

pas unie de la

elle ne lui est

1. Avehrois Cordubensis Jn J rûdoteZtf Zt6ros de G/u’ma commentait ; lib. HI, summa 1, cap. I, connu. 5.

2. Averroès^ /or. ri/.