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AVERROÈS

Ainsi en est-il pour les concepts universels. Chacun de ces concepts existe simultanément en deux sujets, l’un par lequel il est vrai, l’autre par lequel il a une existence réelle, par lequel il est au nombre des êtres qui composent L Lui vers ; mais ici, le sujet par lequel les concepts sont vrais ne réside pas hors de làme humaine ; il est dans l’Ame même ; il eu est la faculté imaginative. La même forme existe donc simultanément en deux sujets ; dans la faculté imaginative de l’Ame, et c’est par là qu elle est vraie ; dans l’intelligence matérielle, et c’est par là qu elle existe, qu elle est un des êtres de ce Monde, savoir l’intelligence spéculative. Dans chacun de ces deux sujets, d ailleurs, cette forme unique ne réside pas de la même manière ; elle est reçue, en chacun d’eux, de la façon que comporte la nature de ce sujet ; dans la faculté imaginative, elle réside à l’état d’image ressemblante, d’image vraie ; dans 1 Intelligence matérielle, elle est reçue à l’état de concept abstrait et universel.

Cette théorie nous amène à concevoir le rôle de l’intelligence active un peu autrement, et d’une manière un peu plus complète, que nous ne l’avions indiqué jusqu’ici. Nous comparerons encore cette Intelligence à la lumière ; mais l’intelligence matérielle ne sera plus comparée au milieu diaphane ; (die le sera au sens même de la vue. En l’absence de la lumière, le sens de la vue est en puissance de percevoir les couleurs des objets extérieurs, ces couleurs sont en puissance de l’émouvoir, mais elles ne l émeuvent pas d’une manière actuelle ; l’clfct produit par la lumière consiste en ceci, que les couleurs des objets extérieurs émeuvent d’une manière actuelle le sens de la vue, sont perçues par lui, en sorte que ce sens passe de la puissance à l’acte, qu’il reçoit la perfection dont il était privé lorsqu’il ne cou tenait aucune perception colorée, lorsqu’il ne voyait point.

lie même « devons-nous penser* que 1 Intelligence active est cc qui amène les représentations contenues dans la vertu imaginative à mouvoir d’une manière actuelle l’intelligence matérielle, tandis qu’avant l’intervention de l’Intelligence active, ces représentations étaient seulement en puissance de mouvoir l’intelligence matérielle. »

Ces formes, qui résident à la fois, à l’état d’images, au sein de la faculté imaginative de notre Ame, et, à l’état de concepts abstraits, dans I"Intelligence matérielle, établissent la continuité i. AvehhoèSj r<7.