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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/578

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LA CRUE DE L’ARISTOTÉLISME

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de notre raison individuelle avec rintelligence spéculative universelle.

« Si rintelligence 1 2 se soude à chacun des hommes et devient multiple au point de pouvoir être comptée par l’énumération de ces hommes, ce ne peut pas être par la partie de cette Intelligence qui en est comme la matière, c’est-à-dire par rintelligence matérielle. Il faut donc que la continuité des Intelligences universelles avec nous-mêmes se fasse par la partie de ces Intelligences qui en est, pour ainsi dire, la forme, c’est-à-dire par ce qui continue, en nous-mêmes, les concepts abstraits, par les représentations imaginées.

» Si I on dit donc qu’un enfant est intelligent en puissance, cela se peut comprendre en deux sens différents. Au | jrcmier sens, on entend que les représentations contenues dans son imagination sont en puissance d’être conçues ; mais au second sens, on entend ceci : L Intelligence matérielle est capable, par nature, de concevoir ces formes imaginées ; elle en est, en puissance, le réceptacle et, par là, elle est continue en puissance avec cet enfant* » Que la continuité entre rintelligence universelle et notre individu s’établisse par l’intermédiaire des formes que l’intelligence active met eu acte au sein de rintelligence matérielle, nous en avons la démonstration par le fait que notre volonté propre peut déterminer ou suspendre cette opération de rintelligence active. « La raison - qui nous contraint d’admettre l existence de l’intelligence active est semblable à la raison pour laquelle la vue a besoin de la lumière, La vue, en elfet, n’est point mise en branle par les couleurs, à. moins que celles-ci ne soient en acte ; les couleurs n acquièrent, d’ailleurs, cette perfection qu’en présence de la lumière, car c’est la lumière qui les fait passer de la puissance à lacté. De même, les représentations de 1 imagination ne peuvent émouvoir 1 Intelligence matérielle que lorsqu’elles sont devenues concepts en acte ; cela ne leur arrive qu’en la présence d’un certain être qui est 1 Intelligence active.

» Mais bien que les deux actions qui consistent à faire un concept et à le recevoir admettent pour agent et pour réceptacle des substances éternelles, il nous est nécessaire de les attribuer toutes deux a 1 âme qui est en nous, car ces deux actions sont soumises a notre volonté ; car elles consistent à abstraire les concepts et à les concevoir, [ce qui dépend de notre volonté . Abstraire, en 1. Averroès, /oc. ci ?.

2. Averrois Op. laud., lib. III, somma I, cap. III, comm. i8.