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AVERROÈS

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effet, ce n’est pas autre chose que prendre les représentations de l’imagination, qui sont [des concepts] en puissance, et les mettre en acte ; et concevoir, ce n’est pas autre chose que recevoir ces concepts. Comme nous voyons, ,en cette opération], qu’une même chose est. transportée d’un ordre à un autre ordre, car une même forme passe de l’état d image à l’état de concept, nous disons ([ue cette opération requiert nécessairement une cause agissante et un réceptacle ; il faut que le réceptacle soit I Intelligence matérielle, tandis que la cause efficiente est l’intelligence active. D’autre part, nous voyous que nous agissons, lorsque nous le voulons, par l’intermédiaire de ces deux pouvoirs, et nul n’agit, si ce n est par une forme qui Lui appartienne en propre ; il est donc nécessaire de nous attribuer ces deux pouvoirs de l’intelligence. D’ailleurs, 1 Intelligence (pii abstrait le concept et le crée doit forcément précéder en nous l’intelligence qui reçoit ce concept. » Nous comprenons maintenant « comment les concepts que nous concevons ne sont pas éternels bien que 1 Intelligence active qui les forme soit éternelle et que l’intelligence matérielle qui les reçoit soit également éternelle. » La réponse à cette difficulté est, eu effet, la suivante : « Lors même que I Intelligence active cl T Intelligence réceptrice existent toutes doux, I Intelligence matérielle ne peut comprendre aucun concept » en l’absence de la faculté imaginative qui réside en notre âme. « De même, pour qu il y ait perception de la couleur, il ne suffit pas que la. lumière soit et (pie le sens de la vue existe ; il faut encore qu’il y ait un objet coloré, »

Cette théorie résout de la manière la plus satisfaisante toutes les difficultés.

a La chose intelligible - qui esl en vous et celle qui est*en moi diffèrent numériquement l u ne de l’autre si on les considère dans les sujets par lesquels elles sont vraies, c’est-à-dire en tant que formes figurées dans l’imagination ; mais elles ne sont plus qu’une seule chose, si Ton considère cette chose au sein du sujet par lequel elle es) une intelligence réellement existante ; et ce dernier sujet, c’est T Intelligence matérielle. »

« Il y a donc en Tâme, trois intelligences partielles : La première est T Intelligence réceptrice ; la seconde est l’intelligence efficiente ; la. troisième est l’intelligence que celle-ci fabrique en celle-là. De ces trois, les deux premières, l’intelligence active et 1, Averrois Op. Jaud., lib. 111» summa I, cap. 111, comm. ao. 2. Av eh rois Op. laud., lib. lit, summa I, cap. I, connu. 5. 3* Averroès, /oc. c//.