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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

» Ptolémée, en effet, au troisième livre de Almageste, a supposé que l’année surpassait de la 300e partie d’un jour la durée de 365 jours et un quart.

» Abrachis (Hipparque), son prédécesseur, avait admis qu’elle est exactement de 365 jours et un quart.

» Albatégni, qui vint après Ptolémée, a supposé que, de ce quart de jours, il fallait retrancher la 112e partie d’un jour.

» Les astrologues d’Alphonse affirment qu’il s’en faut de 10 minutes et 50 secondes d’heure que ce quart de jour ne soit rempli. De nos jours, c’est cette longueur de l’année qui paraît la plus voisine de la vérité.

» Thébith a supposé une plus longue durée que tous les autres astronomes ; mais il l’a évaluée par rapport à la huitième sphère : il n’a donc pas donné la durée de l’année vraie, c’est-à-dire du temps qu’emploie le Soleil, parlant de l’équinoxe de printemps, à revenir à ce même équinoxe ; et de même de tous les autres points du Zodiaque du premier mobile[1].

» En ce cas, on se doit fier à ceux qui sont venus après les autres plutôt qu’à leurs prédécesseurs ; ils ont eu, en effet, à leur disposition, des observations portant sur un plus long espace de temps ; en sorte que nombre de différences insensibles ont pu demeurer cachées à ceux qui sont venus les premiers et, beaucoup plus tard, devenir perceptibles à ceux qui les ont suivis. On peut aussi soutenir comme probable l’opinion suivante : Tous ces auteurs ont observé exactement ; mais, de même que certaines inégalités sont perceptibles dans le mouvement des planètes, en sorte que cellesci semblent marcher tantôt vite et tantôt lentement, qu’elles sont parfois stationnaires et parfois rétrogrades, ainsi peut-il se rencontrer une inégalité dans le mouvement annuel du Soleil ; la grandeur de cette inégalité a pu être évaluée à l’aide de plusieurs observations, comme on l’a fait dans les autres mouvements lents ; et déjà, dans l’art de l’Astronomie, ou a composé une théorie et des tables des équations des années solaires comme on l’avait fait pour les équations des planètes. On peut s’informer plus à plein de cette matière dans les traités consacrés à cette même science. »

Après avoir, dans leur second chapitre, traité des déterminations de l’année en usage chez les différents peuples, Jean de Murs et Firmin de Belleval rédigent un troisième chapitre intitulé De la

  1. L’année tropique n’ayant pas de durée fixe dans le système de Thâhit ben Kourrah, cet astronome a seulement déterminé la durée de l’année sidérale. Tel est le sens de la remarque que nous venons de lire.