Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

correction du calendrier solaire[1] ; ce chapitre mérite, lui aussi, d’être ici rapporté en son entier :

« Dans le calendrier des Latins, dont use la sacro-sainte Église romaine, les fêtes fixes retardent graduellement d’une manière notable sur les solstices et les équinoxes véritables : la raison en est que nous n’évaluons pas exactement la durée de l’aimée vraie ; aussi, selon les Tables d’Alphonse que, pour l’objet proposé, nous croyons plus véridiques que les autres, qui sont, habituellement, approuvées de préférence aux autres, à la suite d’un grand nombre d’expériences très sensibles, faites à Paris et ailleurs, le susdit retard atteint, tous les 131 ans, la longueur d’un jour.

» Si l’on voulait donc corriger cette imprécision de notre évaluation, il faudrait, tout d’abord, dans une même année, avancer toutes les fêtes fixes d’un nombre de jours égal à ce retard, ou bien, au cours de plusieurs années, omettre autant de jours bissextiles qu’il y en a dans ce retard ; les fries lîxes seraient ainsi ramenées à leurs positions primitives.

» Pour qu’elles demeurassent ensuite immobiles, ou omettrait une année bissextile tous les 131 ans. Le cours de la lettre dominicale devrait être adapté à ce changement. Il faudrait également que le calendrier lunaire dont nous avons besoin pour la détermination de la date des fêtes mobiles fût réglé de telle sorte que la correction du calendrier solaire n’empéchât pas de célébrer en temps convenable les nouvelles lunes, les pleines lunes et les fêtes mobiles.

» Si la correction du calendrier solaire était aussi nécessaire à l’Église que la correction du calendrier lunaire, et si nous avions eu connaissance qu’elle Vous plût, nous eussions, depuis longtemps, travaillé de telle sorte que, tout en gardant notre calendrier en sa saine intégrité, toutes les fêtes mobiles et immobiles eussent été ramenées à la place qu’elles occupaient lors de leur institution primitive ; de telle manière, aussi, qu’elles demeurassent à l’avenir, pendant très longtemps, sans aucun écart notable par rapport au calendrier solaire comme par rapport au calendrier lunaire.

» Mais, comme on le verra plus loin, la correction du calendrier lunaire est plus nécessaire que la correction du calendrier solaire ; en outre, c’est seulement en vue de la correction du calendrier lunaire que nous sommes appelés (vocati sumus) ; nous voulons donc, à juste titre, surseoir au travail susdit. »

  1. Ms. cit., fol. 51, vo.