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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

montrait-il prudent et avisé en différant d’exécuter l’audacieux projet des deux astronomes parisiens.

Ceux-ci se bornèrent donc à l’œuvre pour laquelle « ils avaient été appelés », la correction du calendrier lunaire et du nombre d’or. Exécutés en 1345, leurs calculs étaient effectués de telle sorte que la réforme eût pour origine l’année 1349 ; ils indiquent diverses raisons qui rendent cette année-là favorable à la restauration du calendrier lunaire : « Le commencement de cette réduction, disent-ils [1], pourrait être placé en l’an 1319, et il nous semblerait préférable, pour diverses raisons, que l’Église commençât alors, plutôt qu’à un autre moment, à faire usage de cette réduction ; elle pourrait fort bien, toutefois, commencer en un autre temps, en celui qui plairait à Votre Sainteté. »

Jean de Murs et Firmin de Belleval savent, et ils nous l’ont dit, que plusieurs avant eux avaient travaillé à la réforme du nombre d’or ; parmi leurs prédécesseurs, il en est un qu’ils citent, à plusieurs reprises [2], avec éloges ; c’est Dont Arnaud de Alione, abbé de Lagrasse ; l’un des procédés de correction qu’ils indiquent est accompagné de cette mention : « Et iste modus salis bene tractatur in quodam libro guem composuit religiosus vir Dominus Alnoldus de Alione Grassensis monasterii præpositus. »

Le quatrième et dernier traité de l’opuscule composé par Jean de Murs et Firmin de Belleval ne contient qu’un seul chapitre, comme l’indique formellement ce titre [3] : Capitulum singulare de modo inveniendi Pascha. Le chapitre qui suit ce titre traite, en effet, de la fixation de la fête de Pâques, et il en traite de telle sorte que le sujet soit épuisé, comme en témoignent ces dernières lignes : « Sic enim omnes regule de paschate vere et infaillibiditer de cetero remanerent [4]. » Le mandat confié par Clément VI à Jean de Murs et à Firmin de Belleval est ainsi pleinement rempli.

Cependant, tout aussitôt après ces lignes, on trouve, dans tous les manuscrits, cinq nouveaux chapitres. M. Kaltenbrunner a cru [5] que ces cinq chapitres, avec celui qui les précède, formaient le quatrième traité de l’opuscule écrit par Jean de Murs et Firmin de Belleval ; une phrase que contient ce traité obligeait, d’ailleurs, cet auteur à regarder cet écrit comme une addition faite après coup à l’opuscule remis au pape ; cet opuscule-là n’eût donc,

  1. Ms. cit., fol. 56, vo.
  2. Ms. cit., fol. 56, ro, et fol. 56, vo (deux fois).
  3. Ms. cit., fol. 57, ro.
  4. Ms. cit., fol. 57, vo.
  5. Kaltenbrunner, Op. laud., p. 32]1, en note.