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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Linières, astronome picard, né au diocèse de Cambrai, il a également existé un Johannes de Lineriis sicilien, auteur de l’Algorismus de minutiis ? N’est-il pas plus vraisemblable de croire, avec M. Steinschneider [1], qu’une confusion s’est établie entre Jean des Linières et Jean de Sicile et qu’elle a, de ces deux hommes, fait un seul personnage ?

Mais alors, une nouvelle question surgirait : À qui convient-il d’attribuer l’Algorismus de minutiis, à Jean des Linières ou à Jean de Sicile ? On comprendrait, en effet, aisément qu’un traité complet sur les fractions, dû à Johannes de Sicilia, eût été substitué par quelque copiste aux courtes indications consacrées par Jean des Linières à l’addition des minutes physiques, et qu’il eût fini par être attribué soit à Johannes de Lineriis Siculus, soit, tout court, à Johannes de Lineriis.

Une remarque pourrait être invoquée à l’appui de cette hypothèse. Lu manuscrit de la Bibliothèque Nationale nous présente successivement, sans aucun nom d’auteur, un Algorismits de integris [2], puis un Algorismus de minutiis [3]. Le premier est un traité bien connu de Johannes de Sacro-Bosco ; le second est le traité qui est communément attribué à Johannes de Lineriis ou à Johannes de Lineriis Siculus. Or l’écriture de ces deux traités semble être celle qui caractérise la fin du xiiie siècle, ce qui permettrait de regarder l’Algorismus de minutiis comme œuvre de Jean de Sicile, mais non point comme œuvre de Jean des Linières.

À la question qui vient d’être posée, laissons la réponse en suspens ; cette réponse, aussi bien, n’intéresse pas directement l’histoire des doctrines astronomiques ; c’est aux œuvres astronomiques de Jean des Linières que nous allons nous attacher maintenant d’une manière exclusive.

Un manuscrit de la Bibliothèque Nationale, auquel nous avons déjà emprunté de nombreux renseignements, renferme [4] une pièce qui est ainsi intitulée :

Canones tabularum Alfonsii regis Castelle per Jo. de Lineriis.

Cette pièce est divisée en trois livres. Le premier livre, qui ne porte point de titre spécial, commence par les mots ; Quia ad inveniendum loca planetarum per tabulas Alfonsii, oportet reducere annos nobis notos… ; il se termine ainsi [5] : …dic eclipsem

  1. Steinschneider, Op. laut., p. 348.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7215, fol. 116, ro, à fol. 119, vo.
  3. Ms. cit., fol. 119, vo, à fol. 123, ro.
  4. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7281, fol. 175, à fol. 201, vo.
  5. Ms. cit,, fol. 178. ro.