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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

le second livre [1] et le termine par ce colophon : Expliciunt canones tabularum astronomie, sive tractatus de sinibus et tordis per magistrum Johannem de Linieriis (sic) ordinati et completi Parisius anno ab incarnatione domini 1322o. Ainsi encore un manuscrit de Cambridge donne [2] le premier livre de l’ouvrage sous le titre : Canones Mag. Jo. de Lyneriis (sic) Picardini diocesis Ambianensis super tabulas Alfonsii ; puis, sous un titre semblable et avec la date de 1322, le même manuscrit donne les Canones eclipsium. Ainsi enfin, à la Bibliothèque Bodléienne d’Oxford, on trouve [3] les Tabule sinuum et cordarum ascensionum signorum verum (?) eclipsium et aliorum quamplurimum quas composait Magister Johannes de Lineriis Picardus diocesis Ambianensis A. D. 1322.

En 1320, donc, Jean des Linières avait construit son astrolabe universel, calculé ses Grandes tables et composé les canons qui permettaient de se servir de ces tables ; en 1322, il avait composé ses canons sur les Tables Alphonsines. En ces deux circonstances, il avait fait œuvre de praticien ; il avait cherché à rendre plus sûr et plus aisé l’usage des systèmes astronomiques admis par les auxiliaires d’Alphonse le Sage ; mais ces systèmes, il ne les avait soumis à aucune discussion ; il n’avait pas fait œuvre de théoricien. Il n’était point, cependant, incapable d’accomplir une telle œuvre ; il l’allait prouver, dans l’année 1335, en donnant une Théorie des planètes.

La Theorica planetarum magistri Johannis de Lineriis anno christi 1335, que conserve un manuscrit de la Bibliothèque Nationale [4], débute par cette définition : « Spera concentriea vel circulas dicitur cujus centrum est centrum terre ». Elle s’achève par cette phrase : « Alie autem due diversitates sunt ex duplici declinatione epycicli et ex duplici motu secundum partes oppositas in suo deferente, ut declaratum est ». C’est un exposé sommaire des mouvements planétaires tels que les figure le système de Ptolémée ; ce système, Jean des Linières l’admet sans aucune discussion et sans même faire pour en accroître la a raistnnhlance, des orbes solides agencés par les Hypothèses des planètes ; évidemment, le litige soulevé entre la doctrine des sphères homocentriques et la doctrine des excentriques et des épicycles était, en 1335, pour les astronomes de profession qui formaient l’École de Paris, un débat

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7378 A, fol. 46, ro, à fol. 52, ro
  2. Steinschneider,Op. laud., p. 346.
  3. Steinschneider,Op. laud., p. 349.
  4. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 7281, fol., 165, ro, à fol. 172, ro.