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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Meldis anno christi 1320. L’exactitude du nom de l’auteur et de la date ne saurait, d’ailleurs, faire l’objet d’un doute, car, dès les premières phrases du Calendrier, nous lisons[1] :

« In principio hujus operis, scilicet anno Domini MoCoCoCoXXo completo in meridie ultimi diei Decembris

» Et sciant omnes ad quod presens opus perveniet quod eqo. Gaufridus de Meldis,… »

Le 10 février 1310, ce Geoffroi de Meaux se trouvait parmi les quarante maîtres et bacheliers cs-arfs et en Médecine commis par Tofficialité de Paris pour examiner l’Ars brevis de Raymond Lull[2]. De sa vie, c’est le seul trait qui nous soit connu.

Ce que Geoflroi de Meaux veut porter à la connaissance de tous ceux qui liront son ouvrage, le voici : « Que tous ceux auxquels le présent ouvrage parviendra sachent que moi, Geoffroi de Meaux, je n’ai pas admis les principes d’Alphonse, à cause de certaines raisons insolubles que j’ai proposées publiquement alors que j’enseignais ; j’ai admis les principes qu’ont approuvés les anciens savants, principes conformes à ceux qu’Azarchel a posés dans les Tables de Tolède. »

Le recueil où nous avons lu le Calendrier de Geoffroi de Meaux renferme également[3] un traité intitulé : Expoxitio tabularum Alfonsii vel motiva probantia falsitatem earum. La date de cet écrit nous est connue, car il se termine par cette indication : Explicit factum anno Domini 1347, 2a die Aprilis ; mais le nom de l’auteur n’est point indiqué. La personne qui, au xve siècle, a copié cet opuscule, a écrit à la fin : Credo per Gaufredum de Meldis ; à qui a entendu les déclarations de Geoffroi de Meaux contre les Tables Alphonsines, cette attribution ne paraîtra pas invraisemblable. On n’en saurait dire autant de celle qu’a proposée un autre annotateur qui, plus tard, à la note précédente a joint ces mots : « Vel potius per Henricum Batem Mechliniensem, ut circa finem tractatus hujus a Domino de Cusa sibi ascripti scriptum invenitur. » Très certainement, Henri Bate de Malines n’écrivait plus en 1347 ; il aurait eu alors cent-trois ans ! Et d’ailleurs, le fragment que nous connaissons de son traité contre les Tables Alphonsines ne se retrouve pas dans l’écrit qui nous occupe.

Nous venons d’entendre notre annotateur accuser Dominus de Cusa de s’être approprié cet écrit ; la même accusation, et de la

  1. Ms. no 7281, fol. 161, vo.
  2. Denifle et Chatelain, Chartularium Universitatis Parisiensis, pièce no 679, t. II, p. 141.
  3. Ms. cit,, fol. 172, vo, à fol. 175, vo.