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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

Au-dessus de ce titre, Jean de Saxe, pensant à son maître que la mort avait ravi, tout récemment peut-être, écrit cette phrase :

« Non fuit mortuus, qui scientiam vivificavit. »

L’ouvrage débute, d’ailleurs, par un éloge de Jean des Linières :

« De nombreux astronomes ont écrit des livres sur les opérations qui se peuvent faire à l’aide des tables, opérations qu’ils ont nommées canons ; mais certains d’entre eux n’ont pas suffisamment indiqué toutes les opérations dont on peut connaître le résultat ou qui se peuvent effectuer par le moyen des tables ; d’autres, en leurs explications, ont tenu une méthode difficile et obscure ; Maître Jean des Linières, mon maître, a ordonné des canons qui sont complets et qui suffisent à toutes les opérations qu’il est d’usage commun défaire par le moyen des tables ; dans ses écrits, il a employé un style aisé ; il a gardé une méthode parfaitement ordonnée, commençant par ce qui devait venir au commencement et finissant par ce qui devait être mis à la fin.

» Donc, à la louange du Dieu de gloire et en l’honneur de mon maître, pour le plus grand profit des écoliers qui désirent connaître les opérations praticables à l’aide des tables d’Astronomie, moi, Jean de Saxe, avec le secours de Dieu, je me propose de donner des exemples de toutes les opérations que l’on a coutume d’effectuer par le moyen des tables ; et cela, afin que personne ne renonce à l’usage et à l’emploi des tables astronomiques à cause de la difficulté qu’il trouverait à faire les opérations auxquelles elles donnent lieu[1]. »

Après avoir choisi une série d’exemples sur les Canons que son maître Jean des Linières avait composés, Jean de Saxe a-t-il voulu donner le même complément à ses propres Canons ? Le supposer ne serait point faire hypothèse invraisemblable. Le recueil de ces exemples composés par Jean de Saxe sur ses propres Canons des Tables Alphonsines serait alors la pièce que nous avons trouvée, sans nom d’auteur, dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale[2], et que nous allons brièvement analyser.

Que ces nouveaux exemples, composés sur les Canones de Jean de Saxe, soient bien du même auteur que les premiers, tout semble l’indiquer. La même phrase de Ptolémée sert d’épigraphe aux uns et aux autres. Le proœmium de l’ouvrage consacré aux Canons

  1. Les Exempla de Jean de Saxe se terminent (Ms, cit., fol. 223, ro) par ces mots : Ut patte in opere declarationis tabularum quod feci tempore meo. Ces mots font évidemment allusion aux Canones super tabulas Alfonsii, composés en 1327.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 15104, fol. 112, vo à fol. 127, vo ; puis fol. 112, ro, où se trouve la fin de l’ouvrage.