Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

ce qu’un astronome parisien du xive siècle pensait de sa science ; il ne sera donc pas oiseux d’en reproduire ou d’en analyser les diverses parties.

L’auteur commente d’abord la phrase qu’il a empruntée à Ptolémée :

« Celui qui, par une étude assidue, approfondit les sciences, et qui, d’un style aisé et facile, les transmet à ses descendants, afin qu’elles ne périssent pas par l’effet de l’envie et de l’ignorance des hommes plongés dans la bestialité et la grossièreté, celui-là ne doit pas être mis au nombre de ces hommes bestiaux et grossiers ; il est éternellement au nombre des sages[1], digne d’être grandement estimé. Voilà pour le premier membre [de la phrase de Ptolémée].

» L’homme dont les profondes spéculations étudient le cours et la nature des astres ne peut être, non plus, réduit à la pauvreté, sinon de son plein gré et parce qu’il l’aura voulu. Bien plus ! Il pourra, à son gré, se donner à lui-même ou donner aux autres une fortune bonne ou mauvaise ; les livres de figures astrologiques composés par tous les anciens sages, Chaldéens, Arabes, Babyloniens, Indiens, Égyptiens, Goths, etc. renseignent à celui qui les lit avec attention. Voilà pour le second membre.

» De cette exposition, on peut tirer quatre considérations qui s’appliquent à tout savant et qui sont impliquées dans le théorème proposé :

» Premièrement : La noble majesté du savant. Cette première considération est touchée en ces mots : Non fuit mortuus.

» Deuxièmement : La vertueuse efficacité de son œuvre. Cette seconde considération se trouve ici : Nam scientiam vivificavit.

» Troisièmement : L’abondance de son honorable opulence. Ce troisième point est ici : Nec pauper.

» Quatrièmement : La glorieuse éminence de son domaine. Cette quatrième considération se trouve en ces paroles : Nam intellectui dominatus est.

» On voit clairement, par ce qui vient d’être dit, que vivifier la Science, c’est l’exposer par écrit pour la postérité, en l’expliquant d’un style aisé, facile et riche en exemples.

» Celui qui vivifie ainsi la Science, c’est le savant ou l’astronome qui possède la connaissance des astres et qui, de leurs mouvements, est le juge, maintes fois reconnu loyal et d’une véracité éprouvée. »

  1. Le mot que nous traduisons ainsi est, par suite d’une tache, indéchiffrable dans le texte.