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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Celui qui étudie le mouvement des astres et celui qui en tire des pronostics, l’astronome et l’astrologue, ne sont pas séparés l’un de l’autre dans cet éloge du savant-La louange de la Science ne va pas, non plus, distinguer l’Astronomie de l’Astrologie :

« La Science des astres est éminente et rayonnante à ce point quelle comprend en elle absolument toutes les autres sciences ; elle en est comme la fin et le terme. Ainsi les sages de l’Olympe l’honoraient-ils par dessus toutes les autres sciences, en la couronnant du titre de reine. À cette partie de l’Astronomie qui considère les effets des astres, ils assignaient comme sujet le corps céleste et naturellement mobile, en tant qu’il préside à la génération et à la corruption au sein de ce monde inférieur. »

Afin de faire comprendre comment la Science astronomique implique la connaissance de toutes les autres sciences, Jean de Saxe rappelle quelles sont les quatre disciplines du Quadrivium : L’Arithmétique, qui considère en elle-même la quantité discontinue. La Musique, qui applique aux sons les propriétés de cette quantité discontinue. La Géométrie, qui a pour objet la quantité continue immobile. Enfin l’Astronomie, qui est la Science de la quantité continue mobile.

L’Astronomie, à son tour, se divise en doux parties : « Il faut savoir, en effet, que les mouvements célestes peuvent être considérés à deux points de vue. On peut les étudier seulement en eux-mêmes sans les rapporter aucunement aux corps terrestres ; cette considération constitue la partie théorique de l’Astronomie. On peut aussi considérer les mouvements célestes en tant qu’ils influent sur les corps terrestres ; c’est ce que manifeste la partie pratique de cette Science ».

Comment la connaissance de l’Astronomie, tant théorique que pratique, implique-t-elle la connaissance de toutes les autres parties du Quadrivium ? C’est que chacune de ces parties est liée aux autres et aussi à la Physique. Jean de Saxe expose cette mutuelle dépendance en homme qui a médité les Seconds analytiques d’Aristote. « Il faut remarquer, dit-il, que les Sciences quadriviales dont nous venons de parler se composent entre elles et avec la Physique, comme le montrent leurs définitions mêmes. Le terme : Musique, pris en sa signification propre, se définit en cette forme : La Musique est la science du nombre sonore. Dans cette définition, figure le mot : nombre, qui est un terme d’Arithmétique, car ce mot : nombre est défini en Arithmétique. Dans cette même définition, figure le mot : sonore, qui est un terme de Physique, car Aristote définit ce mot : son dans le traité De sensu et sensato. Il