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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — I. LES ASTRONOMES

est donc évident que la Musique se compose de Physique et d’Arithmétique. » On en peut dire autant des autres parties du Quadrivium.

Ce principe péripatéticien va permettre à Jean de Saxe de montrer comment l’Astronomie suppose la Géométrie et l’Arithmétique

« Je viens maintenant, dit-il, à cette partie de l’Astronomie qui use de démonstrations, et je dis qu’elle se divise, elle aussi, en une partie théorique et une partie pratique.

» Il est, d’abord, une partie théorique ; celle-ci, partant de certaines observations très assurées qu’elle prend comme ses propres principes géométriques, raisonne par syllogismes pour démontrer quelles sont les grandeurs des mouvements célestes, les proportions des orbes, les distances des centres, ainsi que les dimensions des corps célestes et autres choses semblables.

» Il est, d’autre part[1], une partie pratique ; celle-ci, à l’aide de figures convenables étudiées par la Géométrie, applique les susdites observations à l’œuvre qu’elle poursuit, en se revêtant des nombres qui sont propres à l’Arithmétique.

» On voit donc qu’en cet art plein de noblesse, nul ne saurait être disciple doué de quelque aptitude, s’il n’était instruit auparavant des constructions de la Géométrie et des théorèmes de l’Arithmétique. »

Il arrive cependant que beaucoup d’hommes qui ont du penchant pour l’étude de l’Astronomie se laissent détourner de cette étude, soit parce que leur esprit est trop faible pour comprendre les démonstrations de l’Arithmétique et de la Géométrie, soit parce qu’ils sont occupés d’autres soins ou adonnés à des études plus faciles ; ils ne peuvent alors se livrer aux travaux difficiles et compliqués que requiert une étude personnelle de l’Astronomie : « ils reçoivent d’autrui certaines équations annuelles qu’ils nomment almanachs et se consolent ainsi du défaut qui provient soit de leurs occupations, soit de leur ignorance.

» C’est donc pour que chacun puisse aisément, en n’importe quel temps donné, trouver les lieux vrais de toutes les planètes, que je veux ici, à beaucoup de gens qui se livrent à l’Astronomie, exposer, à l’aide d’exemples, toute la pratique des mouvements des étoiles. »

Il semble, par ce que nous venons de lire, que le goût de l’Astronomie lut fort répandu à Paris, vers le milieu du xive siècle, et que

  1. Ms. cit., fol. 113, ro.