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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IX.djvu/320

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LES PETITS MOUVEMENTS DE LA TERRE

aurait, dès le commencement, accéléré son mouvement ; maintenant, elle se mouvrait donc très vite, et son mouvement serait sensible ; la Terre aurait donc un mouvement continuel et sensible qui renverserait les grands monuments, les maisons et les châteaux. »

Ces passages nous montrent qu’on n’ignorait pas, à Oxford, la théorie de Buridan.


XVII
CONCLUSION


La plupart des physiciens qui, au xive siècle, ont enseigné à l’Université de Paris après Jean Buridan ont admis ce que ce dernier avait dit des mouvements lents, mais incessants de la terre ; à l’aide de ces mouvements, ils ont justifié une théorie géologique toute semblable à celle qu’avait proposée le philosophe de Béthune. Au sujet de cette doctrine, Nicole Oresme a formulé certaines réserves ; mais Albert de Saxe, Thémon le fils du Juif, Marsile d’Inghen, Pierre d’Ailly l’ont admise sans restriction.

Cette doctrine sera désormais une de celles qui caractériseront la Physique parisienne. Pendant toute la durée du xve siècle, au début du xvie siècle, nous l’entendrons discuter avec passion, dans les diverses universités de l’Europe ; elle sera défendue par les tenants de la Science parisienne, combattue par les adversaires de ceux qu’on appelait les Modernes. Mais la Renaissance avait pris fin depuis longtemps que les hypothèses de Buridan demeuraient encore d’actualité, tout au moins dans certaines écoles ; on continua d’en disputer au xviie siècle, particulièrement dans les collèges de la Société de Jésus.

La vogue que cette théorie trouva dans la Compagnie de Jésus se doit sans doute expliquer par la très formelle adhésion du célèbre théologien Gabriel Vazquez (1551-1604).

Dans ses Commentaires sur la Somme de Saint Thomas d’Aquin, dont les approbations portent les dates de 1595 et 1596, Vasquez se montre pleinement partisan de ce que la Physique parisienne avait enseigné touchant le mouvement