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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/108

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L’UNIVERSITÉ DE PARIS AU XVe SIÈCLE

qui se fait sur les pôles du Zodiaque, selon l’ordre successif des signes, en sens contraire du mouvement du premier mobile, avec une vitesse telle qu’il progresse presque de 1° 28′ en deux cents ans. Enfin le troisième, qui est propre à la huitième sphère et qu’on appelle mouvement de trépidation ou mouvement d’accès et de recès. Mais tout cela concerne les astronomes plutôt que les philosophes. »

Tels sont les passages qui, dans le manuel rédigé par Pierre Tataret, nous ont semblé présenter le plus d’intérêt ; aux autres, nous n’avons cru qu’il fût utile de nous arrêter ; de reproduire, par exemple, quelques considérations sur la pluralité des Mondes[1], fort semblables à celles de Jean Hennon et, comme celles-ci, simple résumé de deux questions d’Albert de Saxe ; ou bien d’analyser la théorie des marées[2], médiocre extrait d’Albumasar et qui, d’ailleurs, se donne pour tel. Ce que nous avons dit suffit, croyons-nous, pour donner au lecteur une idée juste de cette Expositio Philosophiæ ; ce n’est qu’une compilation, qu’une rhapsodie de nombreux fragments empruntés, d’une manière souvent heureuse, à ceux qui ont précédé l’auteur ; Pierre Tataret qui, si haut et si souvent, proclame son admiration pour Duns Scot, reproduit, en effet, maint passage du Scriptum Oxoniense ; mais plus encore il s’inspire des disciples de Jean Buridan, des Albert de Saxe et des Marsile d’Inghen ; c’est la tradition de ces Modernes qu’il continue, plus encore que celle du Docteur Subtil.


VIII
JEAN LE MAIRE


Jean le Maire, Johannes Magistri ou de Magistris, qu’on appelait plaisamment Magister de Magistris, va proclamer, comme Pierre Tataret, qu’il expose la Physique secundum mentem Scoti, Cependant, nous le verrons renoncer à l’une des plus heureuses intuitions que le Docteur Subtil ait eue en Dynamique, pour suivre un fâcheux enseignement des Modernes parisiens ; et, d’autre part, il se prononcera contre quelques-unes

  1. Petri Tatareti De Cælo et Mundo, lib. I, quæritur utrum possint esse plures mundi ; éd. cit., fol. LXI, col. a.
  2. Petri Tatareti Meteororum, lib. I. Quæritur utrum mare in suo loco naturali existens debeat fluere et refluere, Secundo sciendum… Tertio sciendum… Quarto sciendum… Ed. cit., fol. LXXXVI, col. a, b et c.