cependant la présomption de parler selon l’instruction qu’ils ont reçue ; ils tombent dans de pernicieuses erreurs… Ceux de Prague nous en fournissent un exemple ; c’est de cette doctrine que leur erreur est sortie.
» Les maîtres plus modernes, tels que Buridan, que Marsile, que leurs collègues et ceux qui se sont mis à leur suite s’étaient précautionnés avec beaucoup de prévoyance contre ce genre de dangers ; ils avaient ramené l’enseignement des Arts à un autre style plus humble, à d’autres termes et manières de parler d’où ne pouvait plus dériver aucune contagion d’erreur. » « Nous vouions, ajoutait l’archevêque-électeur, que les maîtres de Cologne renoncent à ces nouveautés, et qu’ils reviennent à la façon d’initier aux Arts qui avait été instituée au début. »
Dans cette crainte des dangers d’hérésie que contient le Réalisme, dans cette confiance en la Logique parisienne, particulièrement propre à détourner ces dangers, on peut, avec Prantl, reconnaître l’influence de Gerson[1].
Les maîtres de Cologne répondirent ; ils revendiquèrent, pour chacun d’eux, le droit de suivre à sa guise soit la méthode des Modernes soit les traditions plus anciennes ; ils défendirent celles-ci contre l’injuste soupçon de prêter aux interprétations hérétiques.
« Dès le début de l’Université de Cologne, dirent-ils, il fut d’usage, conformément aux statuts de la Faculté des Arts, de donner, sur les livres du Philosophe, des leçons accompagnées de questions et de doutes… Dès l’origine, chaque maître eut licence et liberté d’alléguer les autorités les plus diverses, celles d’Aristote, de son commentateur Averroès ou d’Avicenne, celles d’Eustathuis ou de Boëce, celles de Thémistius ou de Saint Thomas, d’Albert le Grand, de Gilles de Rome, de Buridan ou de tout autre, selon ce qui lui semblait propre à éclairer les matières dont il traitait… La voie des Modernes n’est interdite à personne ; bien mieux, les maîtres qui composent des livres sous forme de questions y insèrent avec respect nombre de propositions des Modernes ; lorsque les écoliers ont à subir quelque épreuve ou quelque examen, chacun d’eux est admis à suivre la voie qu’il a choisie… La doctrine de Saint Thomas, d’Albert le Grand, d’Alexandre de Haies, de Saint Bonaventure, de Gilles de Rome, de Scot et de tels autres anciens est bonne en soi ; elle n’a pas été entamée et ne mérite aucun
- ↑ C. Prantl, Op. laud., Bd. IV, p. 149.