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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/230

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LES UNIVERSITÉS DE L’EMPIRE

plutôt que cause efficiente, le lieu est cause finale pour le corps logé ; le corps logé se meut vers lui afin d’y être conservé.

» D’autres veulent voir la cause de cet accroissement de vitesse dans la poussée des parties de l’air qui précèdent le mobile et dans la dilatation de celles qui le suivent. En effet, plus le grave descend, plus forte est la poussée des parties de l’air et, par conséquent, plus aisée est la division du milieu ; le mouvement sera donc enfin plus vite.

» D’autres disent qu’il faut mettre en cause une certaine gravité accidentelle provenant de l’impetus acquis ; cette gravité promeut grandement le mouvement du corps pesant. En effet, durant sa chute, un corps pesant acquiert un certain impetus accidentel qui vient sans cesse en aide à la gravité, en sorte que le mouvement est enfin plus vite.

» Ni l’une ni l’autre de ces deux opinions ne semble être en grand désaccord avec la vérité. »

Après avoir pleinement adhéré à la théorie parisienne du mouvement des projectiles, Josse d’Eisenach n’ose plus, donner au système de Buridan, touchant la chute accélérée des graves, un acquiescement aussi formel ; il hésite entre ce système et une explication qui recourt à l’action motrice du milieu, source déplorable de si lourdes erreurs de Dynamique ; dans toutes les écoles, au xvie siècle, on verra des maîtres se fier à de semblables hypothèses ; et beaucoup n’auront même pas, comme le professeur d’Erfurt, la sagesse de faire au moins une place à la doctrine de Buridan.


F. La nature des cieux et leurs moteurs


L’explication du mouvement des projectiles à l’aide de l’impetus qui leur a été imprimé avait conduit Buridan à une audacieuse conséquence.

Si l’impetus d’un projectile s’atténue peu à peu, ce qui ralentit, puis arrête la marche du projectile, c’est qu’il doit lutter contre la pesanteur du mobile et contre la résistance du milieu ; si aucune force ne le contrariait, si aucun milieu, aucun corps contigu au mobile n’en gênait l’effet, l’impetus demeurerait toujours de même intensité, en sorte que le mouvement continuerait indéfiniment avec la même vitesse. Cette loi de l’inertie ne suffît-elle pas à rendre compte des circulations perpétuelles