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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/319

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LA COSMOLOGIE DU XVe SIÈCLE

Voyons donc, tout, d’abord, ce qu’il suppose touchant le mouvement relatif de la terre et du premier mobile.

Marquons, sur la terre, le pôle austral a et le pôle boréal b ; l’axe terrestre a b perce aux deux pôles A, B la sphère du premier mobile. Autour de l’axe a b, la terre tourne d’Orient en Occident et accomplit une révolution en un jour sidéral ; autour de l’axe A B, le premier mobile tourne aussi d’Orient en Occident, mais deux fois plus vite que la terre ; il accomplit deux révolutions en un jour sidéral.

Le mouvement relatif de la terre et du premier mobile est évidemment le même que si la terre demeurait en repos, tandis que le premier mobile tournerait d’Orient en Occident autour de A B et, en un jour sidéral, accomplirait une seule révolution. Selon la combinaison proposée par Nicolas de Cues, le mouvement relatif de la terre et du premier mobile est donc le même que selon le système généralement reçu par les astronomes de son temps.

Il est le même, aussi que suivant le système proposé par Aristarque de Samos, défendu par Nicole Oresme et qu’adoptera Copernic ; mais l’hypothèse de Nicolas de Cues ne doit pas être tenue pour identique à cette hypothèse copernicaine, puisqù’au gré de celle-ci, le premier mobile est en repos, tandis qu’autour de a b, la terre tourne d’Occident en Orient, achevant sa révolution en un jour sidéral.

Les rotations dont nous venons de parler ne sont pas les seuls mouvements que Nicolas de Cues attribue à la terre et au premier mobile.

Sur l’équateur du premier mobile, marquons deux points diamétralement opposés E et F. Ce seront, sur cet équateur, les projections des deux points solsticiaux, en sorte que le grand cercle A E B F passera par les pôles du Monde et par les pôles de l’écliptique. Ces deux points, E, F seront invariablement liés au premier mobile.

La ligne E, F marquera, sur la surface, de la terre, deux points e, f, qui se trouveront toujours sur l’équateur terrestre, mais qui n’y garderont pas des positions invariables ; chacun des deux points e, f, parcourra l’équateur entier, d’Orient en Occident, en un jour sidéral.

Nicolas de Cues suppose que le premier mobile tourne autour de la ligne E F, dans le sens Occident, Nord, Orient, et qu’il accomplit sa révolution en un jour sidéral. En même temps, autour de l’axe instantané e f, la terre accomplit une rotation