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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/320

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NICOLAS DE CUES

instantanée, de même sens et de même vitesse que celle dont le premier mobile vient d’être doté. L’introduction de ces deux rotations simultanées n’apportent aucun changement au mouvement relatif de la terre et du premier mobile. Nicolas de Cues sauve donc le mouvement diurne ; mais tandis que, pour cet objet, tous les astronomes se contentaient d’une rotation unique attribuée soit à la terre, soit au premier mobile, il a mis en jeu quatre rotations, dont deux affectent la terre et deux le premiei mobile ; la simplicité n’y a certes rien gagné.

Considérons maintenant la sphère du Soleil.

L’axe du monde A B la perce en deux points α, β ; l’axe E F la perce en deux points ε, φ.

Autour de l’axe α β, la sphère du Soleil tourne d’Orient en Occident exactement aussi vite que le premier mobile ; les deux points ε, φ, sont donc, dans la sphère solaire, des points invariables. Le Soleil, invariablement lié à cette sphère, est donc toujours à la même distance angulaire du point ε ; cette distance est d’environ 23°. Autour de l’axe ε, φ, la sphère du Soleil tourne dans le même sens que le premier mobile autour de l’axe E F ; mais cette rotation-là est un peu plus lente que celle-ci ; celle-ci décrit son cercle entier en un jour sidéral ; au cercle de celle-là, au bout du même temps, il manque environ la trois cent soixante-quatrième partie. »

« Alii puncti debent imaginari æque distantes a polis Mundi in æquatore ;… et solare corpus distat, ab uno polorum illorum quasi per quartam partem quadrantis, scilicet per gradus 23 vel prope ; et per circumvolutionem Mundi etiam circumvolvitur sphæra Solis semel in die et nocte parum minus, hoc est per sui circuli, ita quod in anno per motum diei unius est retardatio ; et ex illa retardatione oritur Zodiacus. »

Par cet artifice, Nicolas de Cues pense avoir représenté le mouvement apparent du Soleil.

Il a rendu compte, c’est vrai, des variations que présente, au cours de l’année, la distance du Soleil à l’équateur ; mais la projection du mouvement du Soleil sur le parallèle n’est point du tout tel qu’il la figure ; elle est constamment plus petite que le mouvement diurne, sur lequel le Soleil paraît toujours en retard ; au contraire, selon la combinaison que nous venons de décrire, la projection du mouvement du Soleil sur le parallèle serait tantôt plus petite et tantôt plus grande que le mouve-