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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/340

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NICOLAS DE CUES

Nicolas : « divinus mihi Cusanus. » Il le cite également[1] dans sa Dissertatio cum Sidereo nuncio, dans [2] sa Narratio de Observatis a se quatuor Jouis satellitibus erronibus, dans son écrit[3] De Stella nova in pede Serpentarii ; ces citations diverses ont trait tantôt aux hypothèses astronomiques de Nicolas de Cues, tantôt à ses théories géométriques, tantôt enfin à ses considérations mathématiques sur l’infini.

Le nom de Nicolas de Cues ne se rencontre pas dans l’exposé des doctrines qui vont attirer notre attention ; mais le souvenir de cet auteur n’y réside pas moins, croyons-nous, d’une manière évidente.

Ces doctrines se trouvent dans l’ouvrage le plus important que Képler ait composé, dans l’Épitome Astronomiæ Copernicanæ qu’il donna en 1618 ; elles concernant le mouvement diurne de la Terre [4].

Képler a rejeté la théorie de la pesanteur imaginée par Aristote ; après Fracastor et Copernic, avec Guillaume Gilbert et Galilée, il a repris la théorie que Plutarque avait émise dans un écrit bien connu de notre astronome, qui l’avait commenté ; selon cette théorie, qui fut celle de Nicole Oresme, qui nous a semblé celle de Nicolas de Cues, un grave terrestre ne tend pas au centre du Monde ; il tend à se réunir à son tout, qui est la Terre entière ; il en est de même en chaque astre, qui tend à conserver son intégrité.

« Si donc on prend la Terre entière[5], pour la considérer dans son intégrité et par rapport à la matière qui la constitue, elle n’est absolument douée d’aucun mouvement naturel ; le caractère propre de la matière qui forme la plus grande partie de la Terre, c’est l’inertie ; elle répugne au mouvement, et cela, d’autant plus fort qu’une plus grande quantité de matière se trouve resserrée dans un plus petit espace. »

« Cette inertie matérielle du corps terrestre à l’égard du mouvement [6], cette densité de ce même corps, c’est précisément ce qui constitue le sujet dans lequel est imprimé l’impetus

  1. 1Joannis Kepleri Opera, éd. cit., t. II, p. 490.
  2. Joannis Kepleri Opera, éd. cit., t. II, p. 509.
  3. Joannis Kepleri Opera, éd. cit., t. II, p. 595.
  4. Epitome Astronomiæ Copernicanæ, usitata forma quæstionum et responsionum circurnscripta, inque VII libros digesta, quorum tres hi priores sunt de Doctrina sphærica… auctore Joanne Kepplero. Lentiis ad Danubium. Excudebat Joannes Planeus, anno MDCXVIII. — Principiorum doctrinæ physicæ pars quinta : De motu diurno.
  5. Joannis Kepleri Opera, éd. cit., t. III, p. 174.
  6. Joannis Kepleri Opera, éd. cit., t. III, p. 175.