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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome X.djvu/358

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L’ÉCOLE ASTRONOMIQUE DE VIENNE

sur la quadrature du cercle[1]. Quant à la protection de Bianchini, elle lui procura la faveur d’enseigner quelque temps l’Astronomie à Ferrare, à Bologne et à Padoue[2].

Il revint ensuite à Vienne où l’éclat de son enseignement en mathématique lui valut la constante protection de Ladislas, roi de Hongrie, et de l’empereur Frédéric III.

L’activité de Georges se proposa deux objets principaux. L’un de ces deux objets fut la perfection plus grande des tables trigonométriques et astronomiques ; plusieurs de ses écrits accrurent cette perfection. L’autre objet fut l’exposé plus correct des doctrines astronomiques.

Le Moyen-Âge avait multiplié les traités destinés à faire connaître le système de Ptolémée ; il en était trois, cependant, qui demeuraient comme le fondement de toutes les leçons astronomiques et dont ces leçons étaient presque toujours le commentaire. La Sphère de Joannes de Sacro-Bosco donnait, au débutant, les premières notions de Cosmographie ; la Théorie des planètes de Gérard de Crémone l’introduisait ensuite dans la doctrine des excentriques et des épicycles ; enfin, pour acquérir pleinement cette doctrine, il étudiait l’Almageste.

Peurbach jugea qu’à la connaissance de l’Astronomie ptoléméenne, l’étudiant n’était préparé que par des livres défectueux. L’antique Théorie des planètes de Gérard de Crémone, toujours trop sommaire, était maintes fois inexacte ; elle était fort en retard sur la science du temps ; elle ne disait mot du mouvement d’accès et de recès ; à plus forte raison, et pour cause, ne parlait-elle pas du double mouvement que les Tables alphonsines attribuaient aux étoiles fixes. D’autre part, les jeunes astronomes lisaient l’Almageste dans la traduction latine que Gérard de Crémone avait donnée de la version arabe ; faite par un homme qui connaissait mal les mouvements célestes, cette traduction fourmillait de passages erronés ou obscurs.

À ces défauts divers, Georges s’efforça de porter remède.

Aux Théories des planètes de Gérard de Crémone, il substitua des Theoricæ novæ planetarum qui fussent, au système des excentriques et des épicycles, une initiation plus complète et plus exacte.

  1. Gassendi Op. laud., éd. cit., p. 348.
  2. Gassendi Op. laud., éd. cit., p. 339.